Michèle Alliot-Marie l'a annoncé aujourd'hui en visitant les locaux où sont installés les deux services de renseignement intérieur. Destiné à supprimer les doublons entre les deux services, le regroupement RG-DST se heurte à l'opposition des syndicats de police et pose des questions sur le contrôle d'une force de près de 6.000 policiers.
La Direction du renseignement intérieur (DRI) devrait naître courant 2008, a annoncé Michèle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur, ce jeudi. Cette DRI regroupera la Direction centrale des renseignements généraux (DCRG) et la Direction de la sécurité du territoire (DST) autour de quatre missions: l'intelligence économique, la lutte contre le terrorisme, le contre-espionnage et l'"analyse des mouvements sociaux et des faits de société".
Cette réforme est une volonté de Nicolas Sarkozy. Elle est préparée de longue date par un de ses proches, Bernard Squarcini, aujourd'hui patron de la DST. Depuis octobre, les deux directions sont logées dans le même immeuble moderne, à Levallois (Hauts-de-Seine).
Cette fusion vise notamment à supprimer les nombreux doublons entre les deux services de renseignement en matière notamment de lutte contre le terrorisme ou d'intelligence économique. La ministre a affirmé que les services conserveraient leurs missions traditionnelles, notamment le contre-espionnage pour la DST et les mouvements sociaux et faits de société, pour les RG. Le regroupement des deux services de renseignement veut déboucher sur la "mise en commun des moyens des deux services qui conserveront leurs structures", a affirmé la ministre. Les RG emploient 4.100 fonctionnaires. Les effectifs estimés de la DST s'élèvent à 1.800 personnes.
Le regroupement devra s'accompagner de l'attribution aux officiers et commissaires des RG de la qualification d'officiers de police judiciaire, délivrée par les procureurs, et dont bénéficient tous les agents de la DST. De même, certains fonctionnaires des RG devront recevoir le tampon "secret défense" attribué systématiquement à ceux de la DST. Une réflexion devra aussi régler le sort des RG de la Préfecture de police, pas encore concernés par cette réforme. Ils traitent notamment le renseignement politique et financier dans Paris et les départements de la petite couronne.
Les syndicats de police s'opposent à cette réforme. "Nous nous opposerons à un démembrement des RG", affirme, fin août, Michel Djabian, secrétaire général adjoint du SNOP (majoritaire chez les officiers). L'inquiétude concerne le rattachement à la police en tenue des RG s'occupant de missions de renseignement traditionnel et de lutte contre les violences urbaines. Avec, à la clé, un changement certain des conditions de travail.
Une question se pose aussi sur les évolutions des effectifs, dans un contexte global de réduction des personnels de la fonction publique. La ministre a annoncé que la DRI regrouperait les effectifs de la DST et 80% de ceux des RG, soit un total de 5.000 à 5.200 fonctionnaires. Mais elle chiffre dans son discours à "plus de 4.000 fonctionnaires" les effectifs de la future DRI.
Le regroupement de ces deux services sous la seule responsabilité du pouvoir exécutif devrait poser également la question de la protection du citoyen face à une DRI disposant de puissants moyens de renseignement. Pour y répondre, une réflexion est en cours pour créer un contrôle parlementaire des "services". Tous les grands pays occidentaux en disposent depuis très longtemps.
Source Yahoo Actu:
Le blog de VerbalKint - www.verbalkint.net -