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Les Onze de Pierre Michon

Par Mango
Les Onze de Pierre Michon

Voici un livre très attendu puisque l’auteur a mis 15 ans à l’écrire !

C’est un livre mince de seulement 137 pages mais les feuilles critiques qui l’encensent sont si nombreuses qu’elles doivent largement dépasser ce nombre !

Une sorte de vénération semble entourer l’auteur, limousin de la Creuse, né en 1945, ayant reçu le Prix France Culture en 1984 pour ses « Vies minuscules », après avoir écrit sur Antonin Artaud et Rimbaud. On le compare parfois à Julien Gracq pour la densité de ses textes, son exigence et sa discrétion.

Et voici que cette année 2009, il publie enfin, le fruit de ses longues années de travail et d’attente de l’inspiration qui l’avait quitté après le troisième chapitre, selon son propre aveu ici.

Les Onze désignent les onze membres du Comité du salut public de 1794, le fameux comité de la Terreur. La liste de leurs noms revient de façon obsessionnelle, comme une litanie, dans tout le roman : Billaud, Carnot, Prieur et Prieur (de la Marne), Couthon, Robespierre, Collot (d’Herbois), Barère, Lindet, Saint-Just, Saint-André, tous apprentis écrivains, sauf un !

Le portrait de ces onze révolutionnaires a été commandé à un peintre limousin de 63 ans : François-Elie Corentin, dit le « Tiepolo de la Terreur » C’est le héros du livre, mais le narrateur est un anonyme érudit qui s’adresse à un «Vous, Monsieur»général qui pourrait désigner tout visiteur du Louvre, aujourd’hui, ou tout simplement le lecteur du livre ! Le portrait, exposé dans le Pavillon de Flore, est en effet devenu le plus célèbre de tous les tableaux et a détrôné la Joconde que personne ne regarde plus !

Sauf que, décrit longuement par Michelet par la suite, ce tableau n’existe que dans l’imagination de l’auteur et dans celle de son lecteur, ainsi pris au piège, car un doute subsiste suffisamment longtemps pour y croire un peu à cette histoire de peinture, d’art, de politique et de pouvoir, de vie, de survie et de mort. La mystification l’emporte ! Tout se mêle et s’entremêle au fil de l’Histoire, la grande, la terrible et les petites histoires qu’on se raconte ensuite ! Tout ceci raconté dans un style impeccable, un style d’orfèvre.

Il y a de quoi gloser à l’infini, sur un ouvrage aussi érudit, aussi pensé, aussi encensé aussi !

Seulement voilà, ce livre m’a mise mal à l’aise ! J’ai eu peu de plaisir à le lire ! Je l’admire mais ne l’aime pas : je le trouve trop froid, sans chaleur ! Désincarné ! Du style, pas de chair !

Je suis passée à côté d’un auteur remarquable et rare, « le grand auteur français de ce début de siècle » a-t-on écrit quelque part, je ne sais plus où .

Tant pis pour moi !

Les Onze de Pierre Michon ( Verdier, avril 2009, 137 pages)


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