C'est ainsi que Nicolas Sarkozy a qualifié les prévenus de l'affaire Clearstream actuellement en jugement dans son interview conjointe sur TF1 et TF2. Bien sûr, les avocats de Dominique de Villepin se sont rués avec délectation sur cette atteinte manifeste à la présomption d'innocence de leur client. On pourrait croire qu'il ne s'agit là qu'une maladresse, mais du point de vue du droit, il s'agit tout bonnement d'un délit. Naturellement, par la grâce de son prédécesseur et la complicité du Conseil Constitutionnel, le chef de l'état est intouchable. Il ne pourra donc pas répondre de son délit devant la justice avant 2012 (à moins d'être réélu, ce qui reporterait encore de cinq ans). Bien entendu, à ce moment là, l'affaire Clearstream sera archivée depuis longtemps.
Si le rôle de Dominique de Villepin dans cette histoire est pour le moins confus, examinons un peu la situation de Sarko. Tout d'abord, beaucoup pensent qu'il connaissait la manoeuvre de son ennemi intime depuis un certain temps, mais qu'il l'a laissé faire pour mieux le ferrer. Mais cela relève de la supputation.
Par contre, comme on l'a rappelé, Nicolas Sarkozy jouit d'une immunité totale le temps de son mandat quin interdit même au juge de simplement l'interroger. On avouera que pour la défense de Villepin, cela induit un certain déséquilibre. Si on ajoute que le président est, de fait, le patron des procureurs de la République (chargés de l'accusation), on comprend mieux pourquoi et comment l'ancien premier ministre de Chirac s'est retrouvé au premier rang d'une affaire dont il n'est qu'un protagoniste mineur. Il semble bien que le chef de l'état ait instamment insisté pour qu'il soit inclus dans la procédure. Souvenons-nous qu'il avait promis de suspendre à un croc de boucher les responsables de cette affaire.
Cette déclaration en forme de bourde était très certainement volontaire de la part de Sarkozy, mais, au final, cela ajoute au dossier de Villepin sur le déséquilibre des forces dans ce procès où la principale partie civile : Nicolas Sarkozy est à la fois intouchable et patron des procureurs. Nulle doute que tout cela se terminera face à la cour européenne des droits de l'Homme qui donnera raison à Villepin sur la forme.
Dominik