Son nom est Cochise

Par Thibault Malfoy

Cochise Datier, héros taciturne du dernier Pelot : Les Normales saisonnières (aux éditions Héloïse d'Ormesson), charpenté comme un western breton mâtiné de polar.

« C’est vrai qu’il se passe quelque fois des choses insensées et qu’on ne comprend pas. Des choses en dehors des rails, à côté de la normale, au-dessus, en dessous… De la neige en juillet, ça s’est vu. Des presque canicules en janvier. Comme un grand bordel dans les normales saisonnières. »

L'histoire de ce roman se déroule dans une petite ville de Bretagne près de Douarnenez, hors saison touristique, où Datier est en apparence venu se promener le long de la côte ente les Pointes du Van et du Raz. Avec une arme au fond de son sac.

Histoire à la fois terriblement simple (une vengeance à froid) et complexe, notamment par la construction du texte, ou plutôt sa déconstruction chronologique, puisque l'action est ponctuée et précédée par des passages rétrospectifs annonçant l'affrontement final entre Datier et sa proie, affrontement qui d'ailleurs n'en est pas un, ou alors seulement verbal. Pelot joue en effet de faux semblants et de pistes en cul-de-sac et tisse son intrigue dans l'ambiguité de son héros, dont on ne pénètre jamais la psychologie qu'à travers ses actes et ses paroles.

Une écriture très cinématographique et stylisée met en scène les errements de Datier sur la côte bretonne, magnifiés par une peinture tourmentée des éléments, où le jeu de l'eau et du vent marque le rythme du drame en train de se nouer. L'attente s'installe et dans l'expectative du dénouement, les hypothèses s'amoncellent autour du comportement de cet homme égaré sur une côté aussi déchiquetée que sa santé mentale.

Et la fin, comme toutes les bonnes fins, ramène à elle chacune des pistes laissées ouvertes et surprend encore en les inscrivant dans une perspective légèrement différente de celle qu'on s'était faite au fil de la lecture, sans pour autant épuiser les non-dits qui apportent à l'écriture toute sa densité.

Une réussite sans doute discrète dans le flot littéraire de la rentrée, mais qu'on serait mal avisé de laisser passer.