Il ne danse plus mais il parle. Beaucoup. Plus que jamais l’hyperprésidence prend des allures de monarchie élective. Notamment quand les messes médiatiques se font en l’absence de tout contradicteur. Au 21éme siècle, le monarque ne prétend plus guérir des écrouelles. Juste de réformer le système financier et en attendant de relever le montant de la gabelle.
Décorum. Comme la plupart de ses prédécesseurs, en panne sur le terrain intérieur Nicolas Sarkozy tente de retrouver de l’éclat en se positionnant sur la scène internationale.
Quoi de neuf sous le soleil de New York ? Daniel Ruiz dans La Montagne a bien une petite idée. “La France, la France, la France! Objet unique de la préoccupation de Nicolas Sarkozy, la politique intérieure de la France a fait l’objet d’un inhabituel plaidoyer pro domo depuis New York. Pour être innovant, l’exercice n’en était pas moins surprenant qui a vu le président de la République mettre le G20 et la réunion de l’Onu sur le climat au service de sa politique nationale.”
Une appréciation partagée par Hervé Cannet dans La Nouvelle République du Centre Ouest. “Ceux qui attendaient une grande sortie internationale depuis l’Onu du président français, ont eu le droit à un rédacteur en chef d’un jour : zapping de l’actu du jour, coco, avec un petit coup de gros yeux à Ahmadinejad, un satisfecit au G20, un hommage à son ami, tellement humain, Brice Hortefeux, une justification de la taxe carbone, etc.”
André Schlecht dans l’Alsace préfére voir un large tour d’horizon permettant “de faire le point à l’intention de ceux qui auraient perdu le fil de quelques chapitres précédents durant les vacances d’été.” Un balayage général mais pas seulement. Le journaliste alsacien note également des confirmations : “les Français ont reçu confirmation qu’en sus de la taxe carbone, il leur faudrait bientôt acquitter un impôt sur leurs indemnités d’accidentés du travail et un supplément sur le forfait hospitalier. Ils se demandent juste si le déplacement à New York était nécessaire pour passer ces communications hexagonales, ne serait-ce qu’en termes de bilan carbone.”
Du réchauffé avec un énième numéro de démonstration du volontarisme d’un président qui n’hésite pas comme le souligne Jean-Marcel Bouguereau dans La République des Pyrénnées “à proférer un gros mensonge lorsqu’il a dit : “Les paradis fiscaux, le secret bancaire, c’est terminé”.
C’est ainsi. Yann Marec dans Midi Libre voit juste quand il écit à propos du Président : “Il agace. Il énerve. Il plaît aussi. Dans ses habits de zébulon, Nicolas Sarkozy veut sauter à deux pieds dans les dossiers de la planète. Le sommet du G20 va lui procurer une nouvelle vitrine pour se démarquer. Parce qu’hier soir, la coproduction France 2 / TF1 ressemblait à une rediffusion.”
Ce sentiment de “déjà vu” est tout aussi imputable au deux intervieweurs très et trop policés. Un constat qui relance Thomas Legrand dans sa croisade pour le rétablissement des bonnes vieilles conférences de presse. Le chroniqueur de France Inter comme beaucoup juge que le mode de communication présidentiel atteint ses limites. “Sans remettre en cause la qualité professionnelle de mes confrères, en tout cas pas de David Pujadas qui n’y pouvait pas grand-chose, on ressort de cet entretien avec l’impression d’avoir eu à faire à de la communication plus qu’à de l’information.”
Plus qu’un simple question de formalisme le journaliste pointe le déséquilibre actuel : “Dans tous les grands pays démocratiques, le vrai chef de l’exécutif doit passer au grill du parlement, tout justifier, tout préciser pour éviter les malentendus et finalement réformer plus sereinement. Ce n’est pas toujours très confortable pour le chef mais c’est utile à la clarté et la franchise du débat”.
Faute de contradicteurs toutes les contradictions ou énormités sont possibles. Ainsi si Michel Sapin, secrétaire national du PS chargé de l’économie, avait été en opposé à Nicolas Sarkozy il aurait pu lui objecter que son intervention télévisée en apparence “plutôt bon enfant“, contenait en réalité “trois très mauvaises nouvelles pour la vie quotidienne des Français“. “D’abord la mauvaise nouvelle d’une mauvaise taxe carbone, d’un nouvel impôt qui pervertit une belle idée”. Ensuite, la fiscalisation des indemnités journalières qui constitue une double peine pour les salariés victimes d’un accident du travail. Enfin que l’augmentation du forfait hospitalier était une hypothèse, devenue aujourd’hui une certitude.
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