illustration de couverture : Franck Juery
La veille de son dixième anniversaire, Charlotte est invitée chez son oncle pour choisir une poupée en cadeau. Et pas n'importe quelle poupée ! Son oncle est un grand collectionneur qui rêve d'ouvrir son musée de poupées. Il en possède des centaines, tous les modèles, toutes les époques, toutes chargées d'une histoire. Charlotte est impressionnée mais hésite. Trop précieuse, trop belle, trop poussiéreuse, trop interdite, trop fragile, etc. Ce n'est pas facile de choisir l'élue, quand son regard se pose sur une magnifique poupée aux cheveux plus vrais que nature. Son choix est fait, son oncle est impressionné, il n'a que peu d'informations sur cette poupée, elle vient d'Allemagne, a probablement été conçue dans les années 40 et ses cheveux sont de vrais cheveux, pas du vulgaire synthétique. La demoiselle rentre chez elle, enchantée. Sa poupée, de plus, se couche le soir en échangeant quelques mots avec la petite fille, elle souhaiterait qu'on l'appelle Charlotte, elle lui confie deux, trois trucs rigolos, la magie est réelle, la connivence certaine, paf, le début d'une histoire d'amour est signé. Et puis le lendemain, patatras, Charlotte apprend de la bouche de son amie Marianne une autre histoire qui fait froid dans le dos, une histoire sur la guerre, sur les enfants déportés, sur les camps de la mort, et Charlotte n'est plus sûre d'aimer sa poupée. Soudain, elle lui apparaît effrayante.
J'ai bien aimé cette histoire, pourtant je ne suis pas sûre qu'elle puisse plaire à tous les lecteurs visés (12 à 16 ans). C'est un livre dans lequel on retrouve plusieurs thèmes - les poupées, la guerre, les disparus, la mémoire - et en même temps j'ai le sentiment que cela fait beaucoup pour un seul livre. On part de l'idée d'une poupée, chargée en mystère et en histoire, d'ailleurs un lecteur adulte y verra déjà quelques signes pour la tournure des événements, et dans la foulée on apprend que le passé familial de Charlotte, sa mère et son oncle, est lui-même chargé d'absences et de silence. C'est alors qu'une tierce personne vient ouvrir les yeux de la fillette, simplement le personnage de Marianne ne m'est pas apparu très crédible. A dix ans, qui connaît autant sur la déportation et les choses de la guerre ? ... Bref, ce sont des détails, mais des détails qui chiffonnent car ce livre mérite d'être lu, mais je ne sais pas par qui. Ma fille est encore trop jeune, pourtant je pense que cette histoire de poupée pourrait l'intéresser, mais l'histoire impliquée me semble trop pédagogique et lourde de significations.
J'attends d'autres avis pour en discuter.
> Pascale Pineau, sur Ricochet, pense que c'est un livre qui interroge et bouscule.