Il fallait un culot monstre et une maîtrise parfaite des deux sujets pour mélanger monde du travail et déportation. Difficile de dire si Nicolas Klotz et sa scénariste Elisabeth Perceval y sont parvenus, tant La question humaine est un film complexe, foisonnant, aux ramifications multiples et au haut niveau philosophique. Il y a de quoi perdre son latin devant ce festival de pensées obscures et d'amalgames volontaires, surtout lorsque l'on s'attendait à voir un Violence des échanges en milieu tempéré dans une version simplement un peu plus musclée.
Le point principal du film, c'est le duo/duel formé par Mathieu Amalric et Michael Lonsdale : l'un et l'autre prêtent leur bizarrerie permanente au service d'un texte ultra-référencé et pour le moins obscur. Pendant deux heures et demie, mieux vaut s'accrocher et ne pas en perdre une miette si l'on ne veut pas sombrer dans l'ennui et l'incompréhension. Et même des efforts démesurés n'empêchent pas l'inévitable : à moins d'appréhender le nouveau Klotz comme s'il s'agissait d'un film lynchien, force est de constater qu'on n'entrave que dalle. Reste un casting magnétique et pénétrant et une photographie étrange et souvent fascinante ; tout cela n'empêche pas La question humaine d'être ressenti comme un embrouillamini permanent, qui n'apprend pas grand chose, ni sur le fascinant monde de l'entreprise, ni sur l'inaltérable thème de la Shoah.
5/10