Diffusée sur les ondes de Canal Vie les mardis 29 septembre, 6 et 13 octobre, la série documentaire en trois épisodes La drogue à l’école dresse un constat troublant. La drogue entre à pleines portes dans les écoles du Québec, devenue un terreau fertile pour les revendeurs.
Est-ce facile d’en trouver? Posez la question à un élève au secondaire et il vous répondra par une moue ironique. « Ça prend cinq minutes, pis on peut aller vous chercher tout ce que vous voulez », a confié l’un d’entre eux à Sophie Bélanger, la journaliste derrière cette incursion aussi privilégiée qu’inquiétante dans nos institutions scolaires.
« C’est tellement banal qu’on dirait que les gens ne se rendent plus compte que c’est illégal », révèle un élève. André Bernier, maître-chien spécialisé dans la détection de drogue dans les écoles, va encore plus loin. « Une polyvalente, c’est une PME pour un milieu criminel », souligne-t-il.
Banalisée, fréquente et de plus en plus forte
En 2006, selon l’Institut de la statistique du Québec, 30 % des élèves québécois ont avoué avoir pris de la drogue au cours de l’année. Un élève sur trois. Au-delà de cette statistique, la nature des substances consommées et la façon de le faire ont beaucoup changé au fil des années, constate Sophie Bélanger, dans le premier épisode de la série, Nos écoles sont-elles stone?
Les jeunes d’aujourd’hui ont une consommation plus fréquente que leurs aînés. Le joint n’est plus exclusif aux partys, mais se fume de façon quotidienne. Et pour certains, c’est pratiquement 24 heures sur 24! Quant aux drogues qui ont la cote auprès des ados, on ne parle plus seulement de la marijuana, mais aussi de substances chimiques telles que le speed, l’ecstasy et le mush. Même la cocaïne et le crack ont leurs entrées dans les institutions scolaires.
Au cours de son enquête, Sophie Bélanger a pu observer l’importance du fléau et les ravages qu’il entraîne sur les jeunes. La journaliste est allée à la rencontre d’ex-toxicomanes, des ados qui ont été initiés à la drogue très tôt dans leur vie. « J’ai commencé à fumer du pot à 11 ans pis après j’ai tout essayé… sauf l’alcool. Je foxais tous mes cours et des fois, j’étais violent. J’ai fait du vandalisme à l’école, du taxage… je volais pour me payer mes doses. Ils m’ont mis dehors », raconte Samuel, 14 ans. Dans le milieu, un témoignage comme celui-ci n’a rien d’exceptionnel.
Un manque criant de ressources
Dans Une lutte qui manque de moyens?, le deuxième volet de la série, nous entrons au cœur d’un système d’éducation souvent dépassé, voire impuissant, devant l’ampleur du phénomène. Partout où la journaliste passe, le manque de ressources et l’indifférence des autorités sont décriés. « Est-ce que l’aide dans les écoles pour la toxicomanie fait le travail? La réponse est non! Les jeunes se défoncent beaucoup plus qu’il y a 10 ans », souligne Gaétan Brière, coordonnateur au centre Le Grand Chemin.
Sophie Bélanger donne d’ailleurs un exemple éloquent de ce manque de moyens. La seule répondante pour tous les services de toxicomanie de la Commission scolaire de Montréal, qui représente un total de 90 000 élèves, travaille seulement deux jours et demi par semaine. Pas étonnant que dans le milieu de l’éducation, on parle des intervenants en toxicomanie comme d’une espèce en voie de disparition, première cible des gestionnaires quand vient le temps de couper dans les dépenses.
« Le ratio du Ministère, c’est un EPT (éducateur en prévention de la toxicomanie) pour 3000 étudiants. C’est nettement insuffisant, soutient Michel Dubé, de l’Association des intervenants en toxicomanie du Québec. Je connais des écoles que leur budget éducation prévention s’en va dans les chiens renifleurs. Il est où le volet éducation et prévention dans ça? »
Agir maintenant
Prévention, éducation, répression? Intitulé Quelles solutions pour l’avenir?, le troisième et dernier épisode s’attarde aux solutions pour venir à bout de ce fléau. Chose certaine, la peur et les discours moralisateurs n’ont pas l’effet désiré sur les jeunes, comme l’explique cet élève d’une polyvalente de Chicoutimi. « Un élève qui est prêt à venir à l’école avec de la drogue, il se sacre ben de se faire mettre dehors pour trois jours. Ça lui fait trois jours pour dormir ou fumer. »
Dans cet épisode, la journaliste questionne différents intervenants du milieu pour connaître les solutions qu’ils proposent pour enrayer le phénomène, ou du moins en diminuer l’ampleur. Si les moyens diffèrent (investissements, légalisation de la marijuana, augmentation du nombre d’intervenants, thérapie), toutes les personnes rencontrées s’entendent sur un point : il faut agir maintenant.
Produite par Trinôme et réalisée par Guillaume Lonergan, la série documentaire La drogue à l’école sera présentée en exclusivité sur les ondes de Canal Vie les mardis 29 septembre, 6 et 13 octobre à 20 h, en rediffusion les dimanches 4, 11 et 18 octobre, à 19 h.