Son président, Norman Augustine, ancien PDG d’un groupe de défense, explique aux journalistes que : “Le programme spatial habité que nous avons aujourd’hui n’est réellement pas faisable avec l’argent dont nous disposons. […] Soit nous le modifions, soit nous dépensons plus pour avoir quelque chose d’intéressant et qui marche.” Et de préciser que le budget annuel de la Nasa, qui est actuellement de 18 milliards de dollars, nécessite au moins 3 milliards de rallonge à chaque exercice…
En réalité, il n’y a pas de quoi être surpris. Les promesses de Georges Bush père,
de décrocher la Lune puis, dans la foulée, de coloniser la planète rouge, s’étaient abîmées au sol dès que les comptables étaient entrés dans la danse.
Bush fils avait relevé le gant de l’astronaute du futur, et la Nasa — qui comme tout organisme vivant a d’abord pour but de survivre — avait poussé l’exercice au stade ultime en imaginant le programme Constellation : deux nouvelles fusées, Arès 1 et Arès 5, une capsule spacieuse pour desservir la station spatiale internationale (ISS) et rejoindre la Lune, Orion, et enfin un module d’alunissage, Altaïr. Les destinations et les échéances étaient fixées ; ne restait plus qu’à signer le chèque.
On a voulu y croire… Mais c’était sans compter sur le coût de deux guerres, l’Irak et
l’Afghanistan, sur une crise économique majeure, et sur la nouvelle sensibilité de l’administration démocrate aux questions environnementales et climatiques. Pis, la
commission Augustine estime que : “Aller sur Mars avec la technologie et les sommes actuelles est trop risqué. Il est probable que cela ne réussirait pas”
!
Sans préjuger des décisions qui seront prises par le locataire de la Maison Blanche, force
est de constater que, dans ces conditions, les projets de colonisation sont compromis. Ce qui n’est pas nécessairement pour déplaire à la communauté scientifique, prétexte habituel et
parent pauvre des grandes démonstrations de puissance que sont les vols habités.
Il est fort probable que la durée de vie de l’ISS, et donc son exploitation, sera augmentée. Que les “dates objectifs” d’un retour sur la Lune friseront les années 2030. Que des développements technologiques supplémentaires seront commandés avant d’engager, vers la fin du siècle (?) un voyage martien. Les États-Unis n’ont pas les moyens de renoncer officiellement à l’exploration habitée du Système solaire, mais ils ont tout intérêt à prendre leur temps. Il est toujours plus facile d’entretenir un rêve que de l’abîmer en parlant gros sous. Même quand les sommes ne sont pas astronomiques…
Alain Cirou directeur de la rédaction de Ciel & Espace
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