Un prix Nobel qui dérange ? Chronique des interjections déplacées

Publié le 15 octobre 2007 par Sammy Fisher Jr

Je n'ai jamais prétendu à l'objectivité. Pire que ça, je revendique ma subjectivité. Subjectivité qui ne rime pas avec mauvaise foi ; c'est autant une façon de voir qu'un parti pris contre l'uniformisation - et parfois aussi pour le plaisir de la mauvaise foi. Alors autant le dire franchement : j'ai toujours trouvé Al Gore sympathique. Je ne sais pourtant pas grand chose de lui. Juste qu'il a été vice-président du très populaire Bill Clinton, qu'il semblait promis à une brillante succession, la victoire facile, l'Amérique dans un fauteuil. On connait la suite. Depuis quelques années, il a réussi à rester sur le devant de la scène médiatique grâce à son activisme écologique, notamment autour du film Une vérité qui dérange.
Un militantisme qui vient de lui valoir le prix Nobel. Il semble que cela ne soit pas du goût de tout le monde. Du président américain en exercice tout d'abord, qui ne changera rien à sa politique. Quelques politiciens grincheux ensuite, qui pronostiquent les ambitions présidentielles du nobelisé et, partant, la mauvaise foi supposée du même. Pour eux, on ne peut pas être président des Etats-Unis (d'Amérique) et s'intéresser à la sauvegarde de la planète. Il faut dire qu'ils ont été élevés à la bonne école.
Pour la plus grande joie des aigris, des jaloux et des tenants du profit à court terme, il se trouve qu'un juge a trouvé 9 erreurs dans le film cité plus haut. En conséquence, le documentaire ne pourra être diffusé dans les écoles britanniques qu'à condition d'être accompagné de la lecture d'une brochure "destinée à éviter l'endoctrinement des élèves". Quand je lis ça, je ne peux m'empêcher de penser aux tenants du dessein intelligent, qui veulent -et obtiennent de plus en plus fréquemment- que leur croyance obscurantiste soit enseignée aux enfants des écoles américaines, et présentée sur le même plan que la théorie darwinienne de l'évolution. Comme deux théories qu'il faudrait l'une et l'autre prendre en compte. Là encore, pour ne pas endoctriner les jeunes cerveaux.
Bien que fervent partisan de la subjectivité et ne reculant pas à l'occasion devant les charmes de la mauvaise foi, je reste pantois devant ce procédé consistant à taxer les propos scientifiques d'endoctrinement, au seul but de les mettre sur le même plan que des conviction religieuses plus ou moins fumeuses. A ce compte là, je demande que le pastafarisme soit enseigné dès la maternelle, pour contrer l'influence nocive des monothéismes dominant. Je trouve la théorie pastafariste de la création du monde tout à fait pertinente et séduisante, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas l'enseigner.
Mais je m'éloigne de mon sujet. Car non content d'être de mauvaise foi, je suis également désordonné et prompt à la digression. Carole Chatelain, rédactrice en chef à 20 minutes, et dont je découvre le blog à l'occasion des recherches entreprises pour rédiger cet article (je ne recule devant rien, j'ai remué ciel et net pendant au moins 6 minutes), ne perd pas son temps en propos oisifs (elle) et répond avec pertinence et ironie aux 9 points soulevés par la Haute Cour anglaise.
Mais continuons notre petite promenade de santé au milieu des propos délétères de ceux qui donnent leur avis honnêtement et sans arrières-pensées. Le très concerné et inénarrable Claude Allègre, donne son avis gratuitement (puisque personne ne le lui a demandé, c'est très généreux de sa part), et ajoute deux arguments décisifs à la cause des anti-Al Gore : "Al Gore se fout de la gueule du monde" et "Le nombre de conneries qui sont racontées dans le film d'Al Gore !" Je doute que celui-ci puisse se relever après une telle attaque. Ca fait mal un mammouth.
Remarquons au passage que les gros mots, non pardon, les interjections déplacées, sont à la mode ces temps-ci. Ce doit être une compétition, ou un pari entre gens de pouvoir, allez savoir. C'est à celui (ou celle, parité oblige) qui parlera le plus mal.

Je ne vais pas être plus saignant que gore (je m'excuse pour ce jeu de mot pourri), le film comporte sans doute des approximations et des extrapolations, mais je suis convaincu que son propos est sinon juste, du moins de bonne foi. Il faut vraiment être totalement idiot ou président des Etats-Unis d'Amérique pour nier l'influence des activités humaines si ce n'est sur le climat, du moins sur l'environnement.
Et puisque c'est aujourd'hui le "blog action day" (encore un machin en anglais pour nous faire croire que la mobilisation des blogs va changer le monde), et que le thème de cette année est l'environnement, j'ai rédigé spécialement cet article pour l'occasion. Mais comme j'ai à coeur de faire quelque chose d'un peu plus concret, j'aimerais attirer votre attention sur l'initiative "Green", qui consiste à placer un petit bandeau vert sur son blog, avec une information pratique pour faire quelque chose pour l'environnement, à notre échelle, dans la vie de tous les jours. Carole Chatelain fait à peu près la même chose sur son blog. Maintenant que vous avez lu cet article, laissez un commentaire et éteignez donc cet ordinateur, vous êtes en train de détruire la planète...