« …Rome remplaçait Sparte, déjà Napoléon perçait sous Bonaparte… ». Si paraphraser Victor Hugo en guise d’introduction peut sembler pompeux, voire prétentieux, je ne résiste cependant pas à la tentation. Tant elle est grande. Aussi grande que mon admiration pour le pourfendeur de petits empereurs. Qui plus est, cet extrait du début des Feuilles d’automne me paraît -modestement- doublement approprié pour vous présenter mes premières impressions au sujet d’Histwar – Les grognards. Tout d’abord, par la figure de style symbolisant l’écoulement du temps. Ensuite, par celle introduisant le concept de la métamorphose d’un état vers un autre, d’un homme pour son côté sombre. Le jeu arrive effectivement au tournant décisif de son existence mais c’est bien de naissance qu’il s’agit ici. Tout comme celle dont Hugo nous parle, plus loin dans ses écrits. Du bout du tunnel, de délivrance. Hugo n’aimait pas Napoléon III, c’est un fait ; allez-vous apprécier Histwar ? C’en est un autre, qui reste à déterminer. En attendant un test complet, une démo, quelques indications concernant l’état d’avancement seront les bienvenues. Voici qui devrait vous contenter…
Un moteur 3D plutôt sympathique, non ? En tous cas, globalement supérieur à certains engins professionnels, malgré des défauts.
Lors du premier chargement du jeu, ici encore en version bêta, ce qui s’affiche à l’écran pourra en perturber quelques-uns, plus particulièrement attachés à l’esthétisme des jeux récents qu’aux contenus ludiques. Jusqu’à l’icône de programme installée sur le bureau, d’une beauté douteuse. Tout comme les 18 autres proposées, ce qui est toutefois assez rare (en ce qui concerne le nombre)). Le moteur de jeu laisse une impression curieuse. Affublé de textures parfois surprenantes (les chemins ressemblent aux wadis marocains, en période de sécheresse), il présente un effet de clipping sur le plan rapproché pour le moins étonnant. D’ordinaire, cette particularité apparaît sur l’horizon. Difficile de dire s’il est performant (j’ai la conviction que c’est le cas) car la taille d’affichage demeure limitée à une portion réduite de l’écran. Un mode fenêtré facilitant le travail de test et réservée à la version bêta, fort heureusement. Difficile dans ces conditions d’apprécier les performances réelles du moteur, tout comme l’aspect visuel tel qu’il apparaîtra dans le logiciel commercialisé. Aspect positif en tous cas, l’intégration Windows est excellente. Aucun problème lors du passage sur d’autres applications ; le jeu tourne parfaitement en tâche de fond. Dans le même registre technique, il n’existe actuellement quasiment aucun réglage d’optimisation matérielle, de quelque sorte que ce soit, accessible depuis l’interface graphique. Qu’il s’agisse de modifications sonores (trois raccourcis clavier présents mais apparemment inopérants) ou visuelles, il faudra attendre la version finale afin d’évaluer ce domaine.
La modélisation du terrain est tout de même très gratifiante malgré quelques aspects parfois douteux. Du beau travail !
Pour autant que je puisse en juger, les unités sont modélisées avec un soucis du détail et de la fidélité historique évidents mais seuls les passionnés, spécialisés dans ce domaine, « l’uniformologie », apprécieront. Les animations sont correctes, sans plus, mais apportent un côté vivant à la représentation par l’adjonction de mouvements multiples aléatoires. Tel soldat tourne la tête, tandis qu’un autre manie son arme. C’est un changement agréable par rapport aux unités statiques du passé mais d’autres jeux ont déjà mis la barre très haut sur ce plan, bien trop haut… Les cartes sont convenablement représentées en 3D, avec collines et autres bosselés mais manquent de détails réalistes. Ces haies, ces fossés, ces boisés, pourtant monnaie courante à une époque où l’agriculture bio était encore le cœur et les poumons des zones rurales. Les bâtiments sont un peu posés comme des maquettes sur une table (vous avez droit à l’image polie…), à la manière de ceux représentés dans Combat mission, premier du nom (mais mieux modélisés et rendus). Du reste, le jeu présente visuellement un aspect qui n’est pas sans rappeler ce titre. Certains points du gameplay sont également proches mais cela est fortuit (système de vecteurs directionnels, colorés selon les ordres donnés ou caméras), dans la mesure où il s’agit évidemment de deux wargames en 3D. On pourrait tout aussi bien faire des parallèles avec des jeux comme Myth ou Blood omen, ce qui n’aurait pas moins de sens. Reste que ces antiques moteurs, pareillement présentables à leur époque, ont également mal vieilli…
Les didacticiels interactifs sont clairs (faciles à comprendre ; moins à lire) et couvrent les notions de base.
Les premiers ordres sont donnés en pause, pendant une phase initiale de mise en place (set up) pas toujours très pratique. Il est ainsi souvent peu aisé de sélectionner chaque icône d’unité pour la positionner sur une zone de départ n’apparaissant qu’après activation d’un menu (F8). Ces icônes sont trop petites, trop proches et s’il advient que vous cliquiez à côté, le jeu affiche la carte 3D, avant de revenir à celle, adéquate, en 2D. Pourquoi ne pas présenter un ordre de bataille déjà déployé ? Espérons que le passage au plein écran atténuera cet inconvénient. Fort heureusement, il est également possible de choisir le chef de corps, représenté par un drapeau d’une taille plus conséquente, afin de déplacer toutes sa troupe d’un seul mouvement. Ce qui ne dispense cependant pas d’affecter des ordres individuels. Chacun peut faire l’objet de détails sous-jacents, comme le mode de formation, la quantité de troupes gardées en réserve de seconde ligne ou encore, les délais à appliquer dans l’exécution. Il sera également possible de chaîner ces ordres, créant de fait un système de « waypoints ». Tout cela est extrêmement complet et satisfera les joueurs méticuleux, tout autant que soucieux d’appliquer manœuvres et tactiques réalistes. L’exécution proprement dite se fera en temps réel ajustable, selon des valeurs modulables par le biais de raccourcis clavier (R et T pour des vitesses allant jusqu’au temps réel 1 : 1). Très sympathique, relativement facile à gérer et maîtriser !
L’affichage symbolique. C’est moins beau mais pas inutile !
Un point positif attribué, à l’intégration des environnements sonores ! Qu’il s’agisse des bruitages d’ambiance (faune) très agréables et judicieusement choisis ou de la musique, incluse de manière originale. Si, dans tous les modes 3D de vue globale (F3, F4), seuls les oiseaux (corneilles, alouettes, etc.) et le bruit du vent, des rivières, égaieront de manière très discrète et non intrusive -c’est important- vos pérégrinations sur le champ de bataille, dès que vous passerez en mode 3D verrouillée sur une unité (touches F5, F6), des musiques militaires d’époque seront jouées. Qui plus est, le volume variera selon la proximité de l’unité, en fonction du zoom utilisé. Manque de chance, tout ce joli système connait quelques couacs et la musique a souvent des ratés. Encore du travail de ce côté-là. Les bruitages relatifs aux combats et mouvements d’unités, cavalcades, canonnades ou salves de mousquets, sont de très bonne qualité, avec qui plus est une certaine variété (reste à mieux ajuster les niveaux). Les hommes s’expriment dans leur langue maternelle, ce qui renforce le réalisme et l’immersion. Encore une fois et c’est un compliment, Combat mission vient à l’esprit, en tant que référence.
L’artillerie tractée est superbement modélisée. Malgré des visuels datés, le réalisme et la qualité de la représentation historique sont patents, même pour le béotien.
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