En F1 depuis 1981, l'ex-ingénieur de Renault Pat Symonds a été contraint et
forcé de quitter ce monde la tête basse. Le britannique, né en 1953, a en effet été condamné à cinq années d'exil pour avoir participé à la conspiration Renault de Singapour l'année
dernière.
Pat Symonds était une référence pour tout ce qui concerne les stratégies de course. Il avait une compréhension de la course automobile qui manquait probablement à Flavio Briatore, l'autre homme
fort de l'écurie. C'est peut-être pour cela que ces deux-là travaillaient en étroite collaboration depuis 1989, d'abord chez Benetton, puis chez Renault qui rachetait Benetton.
Mais tout homme a ses faiblesses et lorsque Nelson Piquet lui aurait proposé une stratégie de course un peu particulière, l'année dernière à Singapour, Pat Symonds n'a pas eu la réaction qu'il
aurait dû avoir...
"L'idée de cet accident vient uniquement de Nelson Piquet." se défend-il dans une lettre envoyée à la Fédération Internationale de
l'Automobile. "C'est lui qui en premier est venu me voir en me proposant cela. A l'époque, j'avais naïvement pensé que c'est quelque chose qu'il voulait faire pour aider l'équipe. Je
n'étais en fait pas au courant de ses négociations pour obtenir un nouveau contrat, mais avec le recul, je me rends compte maintenant qu'il était persuadé que cette mauvaise action allait jouer
favorablement sur ces négociations."
Toutefois, Pat Symonds continue à dire que Fernando Alonso n'était pas du tout au courant de cette entourloupe, ce que disent pourtant les Piquet père et fils, avec comme argument "qu'un bon pilote
remarquera que prendre le départ à la 15è place avec 12 tours d'essence lors d'un GP limitant les dépassements n'est pas une bonne stratégie". Selon Symonds, si l'espagnol avait pris le
départ avec peu d'essence l'année passée à Singapour, ce n'était pas simplement parce que l'accident de Piquet était prévu au 15è tour : "En fait, c'est parce que ses pneus tendres ne
pouvaient pas faire plus de 12 tours. Et il n'y a pas que nous à l'avoir fait. Regardez par exemple Lewis Hamilton en Australie cette année : il s'est arrêté au 11è tour alors qu'il
prenait le départ depuis la 18è place, avec des pneus tendres." L'enquête interne menée par l'équipe Renault et dont les résultats ont été communiqués à la FIA conclut cependant que la
stratégie de course concoctée par Pat Symonds était conforme à ce que prévoyait le "complot". En clair, si Fernando Alonso n'était pas au courant, sa stratégie avait été choisie en rapport avec ce
que Nelson Piquet devait faire au 14è tour, c'est-à-dire neutraliser la course avec un accident volontaire. Alonso était tranquille avec son plein de carburant, mais ses concurrents devaient
s'arrêter et lui laissaient leur place.
Quoi qu'il en soit, Pat Symonds ne tente plus de nier le fait qu'il a une responsabilité directe dans ce désastre : "J'étais celui qui aurait dû être le premier à rejeter cette idée suggérée par Nelson
Piquet. C'est dommage de ne pas l’avoir fait et mes regrets à ce sujet seront éternels."
L'action en justice contre Nelson Piquet, du boss Flavio Briatore, lorsqu'il niait
encore les faits, accusait l'ex-pilote de "dénonciation calomnieuse et chantage aggravé". Mais selon les rumeurs, l'ex-patron italien (accompagné par Pat Symonds ?) serait maintenant en
train de se battre pour que Piquet soit puni, puisque l'idée qui a engendré toute cette polémique viendrait bien de lui...