Première réunion des papas et futurs papas au Comité des familles : Etre papa, hétérosexuel et séropositif, oui ça existe ! (papamamanbebe.net)

Publié le 23 septembre 2009 par Survivreausida

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Début du son.

— Est-ce que homme hétérosexuel séropositif ça existe ?

— C’est comme si tu demandais, dans la nature, est-ce que une coccinelle va baiser avec une coccinelle... Mais c’est vrai que là, il y a pas mal d’hétéros, d’ailleurs la réunion ça fait près de deux heures qu’on se la tape, moi je suis en manque de présence féminine (rires)

— C’est possible d’être hétéros et plombé ?

— Bah sans aucun doute puisque autour de moi... Moi je suis un cas parmi d’autres et autour de moi il y a des personnes qui... Pas forcément de la même manière mais qui sont hétéros et qui ont été contaminé de différentes manières par le VIH, donc oui, la réponse est oui. Fin du son.

Reda : C’est la première fois cette rentrée, des papas et des futurs pères séropositifs ou partageant leur vie avec une femme qui est séropositive, se sont réunis à la Maison des familles, juste après les crêpes, pour discuter de nos préoccupations à nous ; autour du VIH, autour de la vie sexuelle et amoureuse, autour de tout ce qui concerne faire un bébé, compte rendu de la rencontre par Farid.

Début du son.

— On a parlé de crêpes (rires). Non on a parlé de pouvoir répondre... Créer une sorte de groupe comme les grandes sœurs. Qu’on sorte un auto support aux gens qui viennent aux papas, aux futurs papas, aux hétéros, qui viennent d’apprendre leur séropositivité.

— Le mot est lâché !

— Le mot est lâché. Et essayer de leur apporter un soutien et le vécu de chacun.

— Homme hétérosexuel séropositif, est-ce que ça peut être autre chose qu’un méchant contaminateur qui plombe des pauvres femmes naïve et innocente ?

— Tout dépend de l’homme séropositif et s’il est contaminateur ou pas, parce-que ça existe des volontaires et il y a des salauds partout.

Fin du son.

Reda : Yoyo, il est père de famille et il a une petite fille qui a 8 ans. Lui explique ce projet qui s’inscrit dans la foulée de ce que qu’on font depuis deux ans les mamans du Comité des familles pour apporter le soutien aux mamans qui viennent d’apprendre leur séropositivité en cours de grossesse, on écoute. Début du son.

— P’tre essayer de faire un clone du projet Grandes sœurs. Donc voilà ce qui permettrait éventuellement d’aider pas mal de gens qui apprennent d’un coup qui sont plombés, qui ne savent pas comment gérer et qui se pose pleins de questions quoi. Donc on serait peut-être susceptible de répondre aux questions qui se posent et de les orienter au mieux. Par rapport à notre vécu à nous, c’est pas par rapport à des livres qu’on a potassé ou autres, ou des brevets qu’on a passé. On est pas des personnels soignants mais on en connait un rayon quoi.

— Est-ce que tu serais prêt à rencontrer un jeune homme qui vient d’apprendre sa séropositivité ?

— Oui pas seulement un jeune homme, quiconque, n’importe qui, peu importe, why not, why not. Même si je suis plombé, l’un n’empêche pas l’autre. Je suis fidèle donc il n’y a aucun problème.

Fin du son.

Reda : Voilà Yoyo explique sa participation à ce groupe. Et enfin Yann ma retourné le micro pour m’interroger moi. On écoute ça puis on va en parler avec deux des grandes sœurs qui sont là avec nous et on en profitera pour demander l’avis du docteur Guillaume Le Loup qui est avec nous pour parler dans l’émission de la grippe. Début du son.

— Toi qui tenais le micro, tu peux nous parler de toi et te présenter s’il te plait ? (rires).

— Donc moi c’est Reda, 39 ans, enfin ouais... C’est compliqué (rires)

— D’avoir 39 ans tu veux dire ? (rires)

— Non (rires). Deux enfants, un de 13 ans et puis un qui vient d’avoir ces 4 ans et puis qui doit sa bonne santé aux progrès de la médecine. Donc moi c’est pour ça que je suis là. Et puis après ça me sidère la manière dont en fait, les mecs qui sont hétéros, qui sont séropositifs, j’ai l’impression qu’ils ont une place nul part, qu’ils existent en tant que les méchants contaminateurs et puis qu’il est tant que ça cesse parce-que moi j’en connais pleins, qui ont des parcours différents ça c’est une chose mais de là, à stigmatiser une catégorie de la population pour en arranger une autre parmi les séropositifs c’est à ce que je crois quoi. Fin du son.

Reda : Donc quelques questions volontairement provocatrices sans doute juste après la réunion des papas et futurs papas au Comité des familles. Tina et Hadja participent à ce groupe, à ce collectif des grandes sœurs, ces mamans qui apportent le soutien aux femmes qui viennent d’apprendre leur séropositivité en cours de grossesse. En écoutant ces petits extraits qui sont loin d’être la totalité de ce qu’il s’est dit ou discuté dans notre réunion. Quelles réactions avez-vous ?

Tina : Bah moi je trouve ça vraiment super. Je félicite les papas qui ont le courage et l’engagement de soutenir ceux qui vont apprendre la nouvelle, qui sont encore complètement effondrés. Je pense que ça existe quasiment pas ce soutien comme tu dis papa, homme, hétérosexuel et il est tant que ça se bouge à ce niveau là.

Hadja : Mais ce que moi j’ai remarqué c’est que c’est d’habitude les femmes qui ont l’habitude de se mobiliser mais là j’ai vu une grande mobilisation des hommes aussi donc...

Reda : On était plus nombreux, (rires) on va pas... 13 contre 9 mais l’essentiel c’est qu’on était tous ensemble à la Maison des familles, hommes et femmes réunis. Docteur Guillaume Le Loup, 73% des nouveaux dépistés sont hétérosexuels et pourtant dans l’épidémie on continue à réfléchir par rapport à un paradigme qui date des années 80. Aujourd’hui il y a, à la Maison des familles des hommes qui se mobilisent pour apporter leur soutien à ceux qui vont apprendre leur séropositivité ; alors que probablement ils ne s’y attendaient pas du tout. Comment est-ce que vous réagissez par rapport à cette volonté, cette détermination aujourd’hui en 2009, de se mobiliser en tant que père par des personnes qui sont déjà passées par là ?

Guillaume Le Loup : Alors deux éléments par rapport à ce que vous dites. Première chose je crois que le cadre de la réflexion sur les modalités de transmission, les groupes les plus vulnérables aux VIH, elle a évolué, elle continue d’évoluer et ces nouvelles tendances de la transmission de l’épidémie sont prises en compte par des groupes de réflexion qui travaillent aujourd’hui en particulier sur les moyens d’améliorer la prévention. Deuxième réflexion c’est qu’on peut dire évidemment tous ces groupes de soutien qui peuvent accompagner tous les gens qui découvrent leur maladie et qui vont s’inscrire dans la durée, qui vont s’inscrire dans des traitements qui vont durer des années et des années, auront besoin d’un soutien pour toutes ces démarches. C’est évidemment tout à fait essentiel et vrai depuis le début de l’épidémie mais ça le reste particulièrement aujourd’hui parce-qu’on est pas dans le cadre d’une banalisation de l’épidémie.