Magazine Environnement
Cette semaine deux évènements parallèles ont fait l'actualité: Guy Laliberté dans l'espace et HOME le film de Yann Arthus Bertrand. Les deux évènements font l'unanimité, mais moi je m'interroge: jusqu'où peut-on aller dans la dépense pour défendre des causes louables? A partir de quand le prix de la philanthropie est-il trop élevé?
Ces deux hommes lancent des projets de grande ampleur ayant un thème en commun: la préservation de la nature. Guy Laliberté part en orbite autour de la planète bleue d'où il écrira un poème dans le cadre de sa Fondation One Drop pour sensibiliser au problème de l'eau, et Yann Arthus Bertrand lance HOME diffusé dans plus de 100 pays gratuitement pour montrer l'urgence de cesser de détruire notre planète.
Les deux initiatives sont louables. Les deux hommes sont des personnalités qui poussent au respect et à l'admiration tellement leurs réalisations respectives sont impressionnantes. Je ne rate pas un spectacle du Cirque du Soleil, et j'adore les œuvres de yann Arthus Bertrand, déjà mentionnées dans ce blogue l'an dernier ici.
Mais quand je réalise que le voyage dans l'espace est au cout de 35 millions de dollars, je n'ose pas imaginer combien d'individus pourraient avoir instantanément accés à l'eau potable avec cet argent. Guy, si tu veux aller dans l'espace, je te comprends, c'est un sacré trip, fais-le puisque tu as la chance de pouvoir te le permettre, mais ne nous fait pas croire que c'est une "mission sociale" pour aider la planète... Donne la moitié de cette somme à Playpumps dont je parlais ici par exemple et 10 millions d'enfants auront de l'eau au village. Ca c'est efficace!
Quant à Yann Arthus Bertrand, Bravo, je viens de regarder son film HOME. Il devrait être au programme de toutes les écoles des pays dits civilisés, de tous ces 20% qui consomment 80% des ressources de la planètes. Mes enfants ont du mal à comprendre ce qu'ils voient... une telle réalité leur échappe totalement... Mais entre nous, quelle est l'empreinte carbone de ce film? Le cout de 23 millions est avancé, mais le cout écologique n'est nulle part évoqué. On me répondra que Yann a créé l'association Good Planet qui mets notamment en place le programme Action carbone destiné à compenser les émissions des activités liées à ses projets artistiques. Mais je serai curieux de voir les chiffres...
Ce qui m'inquiéte le plus c'est qu'à force de faire croire que nos actions sont dictées par la philanthropie, c'est le philanthropique qui va se retrouver décrédibilisé. Quand le prix de l'action est trop élevé, pour des résultats aussi peu quantifiables, on ne peut plus parler de philanthropie. Autant pour Home, je veux croire que le film touche les conscience et parvienne à un certain éveil, autant envoyer un clown milliardaire dans l'espace (c'est la septième fois que ca se fera, ce n'est donc plus révolutionnaire), j'ai du mal à y voir une avancée pour la planète. On pourrait aussi s'amuser à calculer l'empreinte Carbone de cette mise en orbite, peut-être que des groupes écologistes auront la bonne idée de le faire...
Et je suis assez étonné que les médias n'évoquent pas, ou si peu, ces contradictions. Je n'ai trouvé que cet article du devoir en une aujourd'hui et ce post sur le blogue de la rédaction du journal Métro pour avoir un regard critique sur cette mission spaciale, sinon, le reste des médias semblent enchantés de l'opération, et c'est ce qui m'inquiète. Même les actions de nos grands hommes peuvent (et doivent) être soumises à la critique, surtout quand ils agissent au nom de la philanthropie...