Le ministre de l’Éducation nationale, Luc Chatel, s’est dit choqué que la société de soutien scolaire Acadomia propose désormais une formule « satisfait ou remboursé » aux candidats au baccalauréat.
En chœur, pour une fois, avec le ministre, les syndicats d’enseignants ont également dénoncé cette offre d’Acadomia, y fustigeant avec emphase une « marchandisation » insidieuse de l’éducation.
Le leader français du soutien scolaire à domicile s’engage en effet à rembourser les 1770 euros de sa préparation au baccalauréat si l’élève ne l’obtient pas. À condition qu’il respecte ses engagements, comme celui, évidemment, de participer aux épreuves. Pour le reste, les conditions sont vagues…
Acadomia prend de toute façon peu de risques : le taux de réussite au baccalauréat est désormais de 86 %, ce qui fait 14 % de chances de devoir rembourser la formation, rentabilisée par les autres. Sur les 100 000 élèves ayant chaque année recours au soutien d’Acadomia, 20 000 sont candidats au baccalauréat.
Le « scandale », si scandale il y a, réside moins dans l’offre d’Acadomia que dans le fait que les entreprises de soutien scolaire fleurissent depuis une vingtaine d’années sans que l’Éducation nationale en ait tiré les leçons qui s’imposent.
Au nom d’une conception hyper-égalitariste de l’enseignement, des syndicats comme le SNES dénoncent le fait que les enfants bénéficiant du soutien scolaire d’Acadomia seront privilégiés par rapport aux autres, en raison du coût élevé de la formation. Mais ils ne se demandent pas pourquoi l’école publique, jusqu’aux années 1980, se suffisait à elle-même.
Pourquoi, depuis, les parents éprouvent-ils le besoin de compléter un enseignement qu’ils jugent déficients par du soutien scolaire ? S’il y a eu cette floraison d’officines comme Acadomia depuis une vingtaine d’années, c’est bien que l’enseignement qui est donné aux élèves depuis cette époque pose problème.
Les emplois du temps des élèves, entre les cours, les devoirs à la maison et les transports pour certains, sont suffisamment chargés comme cela. Ce n’est donc pas de gaieté de cœur que des parents payent à leurs enfants des cours assez onéreux.
Xavier Darcos, lorsqu’il était ministre de l’Éducation nationale, était allé jusqu’à proposer une « Acadomia publique ». Pourquoi ne pas se pencher plutôt sur les carences du système éducatif ?