Comment interpréter le bon score des écologistes au premier tour de la législative partielle dans l'ancien fief de Christine Boutin dans les Yvelines (un peu plus de 20% contre 15% pour le candidat du PS)? Comme un accident lié à la circonscription (conservatrice), à l'abstention? C'est la thèse des socialistes. "Depuis l'été, toutes les élections partielles ont montré une progression de la gauche et du PS et un effritement des Verts par rapport aux européennes, commentait, Christophe Borgel, secrétaire national chargé des élections au PS depuis juin. L'élection de Rambouillet est un cas à part", ajoutait-il d'après Le Monde. J'y verrais plutôt le signe que quelque chose s'est cassé entre le PS et ses électeurs qui ont aujourd'hui le choix, avec le Modem et les écologistes. Ce quelque chose, ce sont, bien sûr, les bagarres qui depuis la dernière campagne présidentielle font l'essentiel de l'actualité du PS, mais c'est plus.
C'est aussi son incapacité à innover, à apporter des idées nouvelles sur la manière de gouverner. Nous venons de traverser, nous sommes en plein dans une crise économique profonde. Où sont les propositions du PS pour en sortir, pour redécoller? Si elles existent, elles sont bien cachées. Les écologistes ont un projet, des idées, loin du productivisme de la gauche classique mais dont on commence à voir qu'elles ne sont pas incompatibles avec une certaine croissance. Que Renault veuille se reconstruire autour de la voiture électrique est sans doute, et tout aussi paradoxal que cela puisse paraître, la preuve de leur sérieux. Ils avaient raison avant tout le monde.
C'est également son déficit moral. On a beaucoup reproché à Ségolène Royal ses réactions lors de la publication de ce livre qui rapportait les tricheries lors de l'élection de Martine Aubry. Sans doute a-t-elle agacé les militants qui ne voulaient plus entendre parler de cette affaire. Mais qu'en pensent les électeurs du PS? Est-on sûr qu'ils sont aussi indulgents que les militants avec les tricheurs? J'en doute un peu. Ségolène Royal a eu raison de demander des sanctions. C'était la meilleure manière de retrouver cet ascendant moral qui conduit au succès. On ne peut pas prétendre incarner la vertu (et on attend de nos dirigeants qu'ils l'incarnent, ce que fait à sa manière, paradoxale, Nicolas Sarkozy lorsqu'il se porte partie civile dans l'affaire Clearstream) et fermer les yeux devant cette sorte de tricherie.