Communiqué de presse Europe Ecologie
Bruxelles, le 10 septembre 2009 - Les députés européens Europe Ecologie expriment leur déception après les décisions du président de la République française sur la taxe carbone jeudi 10 septembre. La taxe carbone de M.Sarkozy aboutit en effet à un véritable gâchis qui dévalorise l'idée même de fiscalité écologique.
A moins de cent jours de la conférence de Copenhague, Nicolas Sarkozy envoie un très mauvais signal quant à la volonté de la France de relever les défis climatique et énergétique. C'est un rendez-vous manqué: sa taxe carbone est à la fois inefficace écologiquement et injuste socialement.
- Avec un prix minimaliste de 17 euros la tonne de CO2 alors qu'il y avait un consensus des spécialistes pour recommander un plancher d'au moins 32 euros, l'objectif de division par quatre des émissions de CO2 ne pourra pas être atteint. Pas plus que ne sera encouragée la baisse de la consommation d'énergie ou la transition vers des énergies propres.
- En entretenant le flou sur la progressivité de cette taxe, M.Sarkozy condamne les investisseurs et les ménages à une absence de visibilité quant à leurs choix d'investissements énergétiques. La règle du jeu n'est pas clairement fixée, d'autant plus que la décision d'accrocher cette taxe au niveau du marché rendra celle-ci captive des soubresauts du marché du carbone.
- L'exonération de l'électricité va intensifier le recours au chauffage électrique. Une aberration écologique puisque cela conduit à construire des centrales électriques fonctionnant au gaz et au charbon pour répondre aux pointes de la demande électrique, avec un bilan carbone désastreux. Et un risque social pour ceux qui doivent payer les lourdes factures d’électricité que cela implique.
- En ne retenant que des critères géographiques ou de taille de la famille, la redistribution du produit de la taxe aux ménages ne tient pas compte des différences de revenu. Qu'il appartienne aux catégories les plus favorisées ou aux couches les plus précaires, chaque ménage se verra rétrocédé une somme identique, ce qui va créer une inégalité criante.
M. Sarkozy, qui affirme vouloir entrer dans la grande histoire avec la taxe carbone, y entre par la plus petite porte.
Ce sera désormais aux parlementaires de décider s'ils mettent en place une contribution climat énergie qui soit un outil de transition énergétique et de justice sociale ou s'ils valident une taxe carbone au rabais. Ils ont le choix entre poursuivre une polémique souvent démagogique et populiste ou engager un débat démocratique responsable sur le plus grand défi du siècle.