Ne plus savoir quelle heure il est, se sentir vaseux à longueur de journée, écouter les gens à moitié : François Cluzet a déjà donné. Des années durant, cet acteur tant discret que talentueux s’est perdu dans les méandres de l’alcool. Il a touché le fond. Et a mis du temps à sortir la tête de l’eau. «Les alcooliques, ce sont des gens qui souffrent le martyre, qui donneraient tout pour ne plus être comme ça», confie-t-il.
Quand Philippe Godeau lui a proposé d’être la tête d’affiche du Dernier pour la route, l'adaptation du roman homonyme et autobiographique d’Hervé Chabalier (directeur de l'agence Capa et ancien grand reporter au Nouvel Observateur), François Cluzet a tout d’abord refusé. Trop douloureux, estimait-il. Puis l’acteur s’est saisi du scénario et s'est aperçu qu'il s'agissait davantage d'un homme qui entreprend une cure de désintoxication plutôt que de l'errance d'un poivrot.
Pour jouer juste, François Cluzet a choisi de faire participer les autres comédiens à chacune des scènes et a évité de la jouer solo. Aussi, il s’est refusé à réduire son personnage à un homme titubant. «Dans la réalité, un alcoolique passe inaperçu», assure-t-il. A tel point qu’aujourd’hui, les effets de l’alcool sont encore «imprimés dans sa tête, dans son corps».
Avec un budget de 8 900 000 euros, Le Dernier pour la route, premier long-métrage de Philippe Godeau, ancien producteur et distributeur, a été tourné du 15 septembre au 8 novembre 2008 à Paris et Aix-les-Bains, avec une escale de trois jours en décembre sur le continent africain. La bande-originale est signée Jean-Louis Aubert, composée quelques mois après celle du film de Philippe Claudel Il y a longtemps que je t'aime.