Elle vient de dire : Des gens crèvent de faim et nous on est obligé de jeter ce que l'on produit pour gagner notre vie.
Elle revient vers la caméra.
Sa gestuelle, son visage, sa voix ont changé. Elle est passée de l'autre côté du rubicon. Partisane. Citoyenne du monde. Elle avait de la haine dans le rictus. Lait caillé. La voilà avec de la chaleur dans les yeux. Lait bouillant. Comme en plein hiver, l'onglée, la neige, les mains brûlantes de froid. Elle a trouvé l'énergie. Elle m'a donné l'énergie. 1) De penser qu'effectivement tout cela est absurde. 2) De croire en l'homme. Qui ne va pas continuer comme ça, même si dans les roues solidement arrimés sont les bâtons.
Au foot, quand on est nul, quand on perd et qu'on se prend des buts débiles, on aime à dire qu'on a donné à l'adversaire les bâtons pour se faire taper dessus.
Les bâtons sont dans les roues. Les roues sont bloquées. On ne sait pas toujours où ils sont au juste, ces bâtons. Ni qui les mets. Ni qui les remets. Alors prenons-les. Pas pour taper sur l'autre. Mais pour que les roues tournent.
Les produits laitiers, c'est bon pour la vie.