"Il faut arrêter de traiter les clandestins comme du bétail"
La "jungle", le principal campement de migrants sans-papiers, près de Calais, a été démantelé en à peine deux heures, malgré la résistance de militants associatifs.
"La jungle principale a été envahie par la police ce matin peu après 7h30. A l'heure actuelle tous les migrants qui s'y trouvaient ont été arrêtés et déportés."
Parmi eux, Sylvie Copyans, membre de l'association Salam d'aide aux étrangers, se dit très choquée des méthodes employées par les autorités.
Vous étiez présente aux côtés des sans-papiers expulsés des campements de Calais ce matin. Comment ça s'est passé?
C'était une scène vraiment surréaliste à laquelle on ne s'attendait pas. Nous avons assisté à une opération de démantèlement vraiment horrible, avec une violence inutile et démesurée.
Il y avait des pleurs, des évanouissements. Des mineurs ont été embarqués et envoyés de force vers Metz. Les majeurs ont été placés en garde à vue pour être auditionnés avant d'être placés dans des centres de rétention s'ils refusent les propositions d'Eric Besson.
Nous avons vraiment honte pour le gouvernement. Ça fait huit ans que je travaille pour cette association et je suis encore choquée par ce que j'ai vu.
Jean Claude Lenoir de l'association "SALAM" et la destruction de la jungle aujourd'hui, mardi 22 septembre 2009....
Le ministre de l'Immigration a déclaré qu'il entendait procéder à d'autres opérations de démantèlement comme celle de Calais dans les semaines à venir.
Que pensez-vous de cette annonce ?
Eric Besson en est bien capable. Mais ça ne va rien changer. Tout ça n'est qu'un coup médiatique. Il est inutile d'imaginer que la situation va se résorber de cette façon. Les exilés ne vont pas disparaître en fermant des jungles comme celles de Calais.
On l'a bien vu avec Sangatte, qui fut un échec cuisant. Les migrants vont disparaître et se disperser pour revenir après.
Quelles solutions pour ces réfugiés ?
La loi sur l'immigration française doit changer.
Les migrants sont devenus des patates chaudes que l'on transfère d'un pays européen à l'autre. Ça ne règle en aucun cas le problème.
Il est impératif de créer des structures adaptées, pas comme celle de Sangatte.
Aujourd'hui, un sans-papier ne peut déposer de demande d'asile et n'a d'autre choix que de retourner vivre dans des jungles comme Calais.
Il faut arrêter de traiter les migrants comme du bétail et des sous-hommes.
Besson et la loi de la «jungle» (de Calais)
L'Evacuation inhumaine de Calais
vu par des médias étrangers