Et si la différence révélait que nous avons, malgré nous, l'impression que le VIH (et non la grippe A) frappe des coupables plutôt que des victimes innocentes ? Bien sûr, c'est impensable. Nous avons depuis belle lurette abandonné l'idée que la sexualité c'est mal, et même si ce n'était pas le cas nous savons le nombre de victimes infectées dans leur mariage, dans leur maladie, ou dans le ventre de leur mère.
Mais ce n'est pas juste parce qu'une chose est impensable...qu'on ne la pense pas. Et ici les correspondances sont troublantes. On sait qu'on a tendance à penser 'qu'ai-je donc fait pour mériter ça?', lorsqu'on tombe malade. On cherche un sens, au risque même de se fourvoyer. On sait aussi qu'on a assez naturellement tendance à nous considérer nous-mêmes comme innocents, même dans des circonstances que l'on reprocherait à d'autres. Cette vidéo est éclairante sur ce point. Mais...si en plus cela expliquait notre tendance à nous précipiter sur le masque, mais pas sur le préservatif? Si le VIH ne touchait dans notre imagination que 'des coupables' alors que nous serions tous, et par définition, 'des innocents'?
Que ce serait là un joli casse-tête de santé publique tout prêt à nous frustrer tous...et à faire de la stigmatisation qui pèse sur les malades un piège tout prêt à se refermer droit sur nous.