Je m’excuse, précisant que je ne suis pas d’ici et que Mappy.fr, c’est du grand n’importe quoi.
La fille me sourit. Elle doit avoir l’habitude.
Elle prend ma convocation et j’hérite d’un numéro. Le 33.
Je vais m’asseoir, sagement, avec mon petit cartable noir, sur un siège bleu en plastique, et j’attends. Qu’on m’appelle. Je me dis que ça devrait aller vite. Ils en sont au n°30, bureau 10, et il y en a 17, des bureaux. Mais ça traîne. Alors je promène mon regard, à droite, à gauche.
C’est tout bleu et blanc. Un peu comme le logo de la radio France Bleu.
C’est impersonnel, triste et propre.
Un moniteur diffuse des images (que personne ne regarde) et du son.
En boucle.
“… Vous devez répondre à toutes les convocations qui vous sont demandées …” ça dit.
“… Tout au long de vos recherches d’emploi, un conseiller vous accompagne …” et sur un drôle de ton. Neutre. Voire absent. Infantilisant, à certains moments. C’est peut-être cela qui énerve, doucement, une dame. Il est 15h16 et elle avait rendez-vous à 14h20. La jeune fille explique qu’elle est seule (à nous accueillir) et que nous sommes “énormément” nombreux.
Elle se calme, la dame. Retourne à sa place. Et le ballet des convocations reprend.
“… Certains d’entre vous ont droit à une allocation chômage …” dit le moniteur.
- 42 euros par jour, monsieur ..
- Net ?
- Oui. Net …
Ça fait pas bezef. Ça m’en fiche un coup. 56% de mon salaire, à vol d’oiseau. Les temps ont "énormément" changé. Je me demande comment un (ex) smicard peut bien s’en sortir.
Ce que je prends pour ma “conseillère” n’est pas désagréable. Loin de là. Juste, elle me semble lasse. Elle tape sur son clavier et moi je remplis les feuillets qu’elle me tend. Je coche des “OUI” des “NON”, je soussigne et je signe. Peu de mots sont échangés. Mais je me dis qu’une fois cette paperasse expédiée, nous entrerons dans le vif, qu’elle me demandera ce que je recherche, comme emploi, si j’ai des pistes, des envies, afin d’établir “ensemble”, comme le disait le moniteur, un “projet personnalisé”. Mais pas du tout. Elle me demande si je suis libre mercredi en fin de matinée. Je réponds que oui. Et me voila cochant, soussignant et signant de plus belle.
- Voici votre dossier, me dit-elle. Il contient vos identifiants, votre avis de prise en charge, le montant journalier de votre indemnisation, toutes les informations dont vous avez besoin et votre convocation pour mercredi, 13h30, à l’ANPE de Saint-Maur-des-Fossés ..
- Ah parce que je .. Je ne reviens pas ici ?
- Eh non, Monsieur. Désormais c’est l’ANPE de Saint-Maur-des-Fossés qui s’occupera de vous ..
- Mais je ne comprends pas .. Ici, c’est ..
- C’est le service indemnisation, Monsieur ..
- Ah .. Comme les Assédic. Enfin, je veux dire, avant, ce sont les Assédic qui ..
Elle sourit. Et je comprends.
- Alors en fait, je poursuis, y’a marqué Pôle Emploi, mais je suis aux … aux Assédic ?
Elle me dit que oui. Elle va même plus loin, me confiant que ce logo Pôle Emploi c’est “juste politique”. Qu’en fait, cela fait des mois qu’ils auraient dû déménager. Mais ils sont toujours là. Voilà. Les Assédic existent toujours. L’ANPE aussi. Rien n’a changé. La fusion ANPE/Assédic n’a pas eu lieu. Le Pôle Emploi, c’est juste un logo qu’a coûté bonbon. Rien de plus.
Je suis sur le cul …
Alors comme ça, ce Pôle Emploi qui devait être un outil “réactif”, “efficace”, bénéficiant de “moyens considérables”, un exemple de réforme du gouvernement Sarkozy, ce Pôle Emploi, il n’existe pas !
PS : Tout de même, juste par curiosité, sortant de cette Assédic maquillée en Pôle Emploi, je me rendais à cette fameuse ANPE de Saint-Maur-des-Fossés. Indiquée comme telle, je veux dire sous le sigle ANPE, sur les panneaux de la commune.
Comme les Assédic de Saint-Maurice, elle porte le nom de “Pôle Emploi”. Mais en réalité, c’est une ANPE classique. La réforme n’a pas eu lieu.
Cela fait maintenant un an, que sur ce sujet-là, précisément, ce gouvernement nous ment ..