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L’ANR, usine à précaires

Publié le 22 septembre 2009 par Monthubert

L’Agence Nationale de la Recherche vient de sortir une enquête sur les débouchés des jeunes chercheurs qui sont financés par les projets qu’elle finance. Ou plutôt, elle a sorti un communiqué pour se féliciter du fait que le taux de chômage est faible parmi eux, seulement 4 à 5%. Pour des Bac+10, c’est quand même la moindre des choses. Mais les données présentées sont intéressantes, mais si elles sont très parcellaires ; la transparence exige que les données complètes sont publiées. Mais d’ores-et-déjà on peut voir que le taux de jeunes chercheurs ayant obtenu un CDI à l’issue de leur contrat ANR varie suivant les programmes étudiés de 16% à 51%.

Ce résultat est catastrophique. Car il y a de plus en plus de jeunes chercheurs financés par de tels contrats, et l’enquête prouve que cela ne débouche pas sur de l’emploi stable. On ne peut pas se satisfaire, même dans le meilleur des cas, du fait que la moitié des personnes trouvent un CDI. Cela illustre le parours du combattant que subissent les jeunes chercheurs, un parcours que leurs cadets ne veulent souvent plus suivre. Où est l’attractivité des carrières de la recherche dans de telles conditions ?

Je me souviens qu’à l’université d’automne de Sauvons la Recherche en 2007, nous avions invité Valérie Pécresse. Edouard Brézin, ancien président de CNRS et de l’Académie des Sciences, lui avait alors dit en substance : en France, nous avons des forces scientifiques dans un certain nombre de domaines. La question qui se pose est de savoir si dans 20 ans nous aurons toujours de telles forces. Rien dans la politique que vous nous présentez ne me permet de penser que ce sera le cas.

Et ce qui se passe aujourd’hui a toutes chances de confirmer ce que disait Edouard Brézin à l’époque. Il est urgent de changer d’option, et de donner aux jeunes chercheurs des débouchés et des parcours raisonnables. Pour cela, il faut créer les emplois scientifiques dont nos universités et laboratoires ont besoin, plutôt que d’en supprimer comme l’a fait le gouvernement en 2009. Il faut aussi inciter beaucoup plus vigoureusement les entreprises à embaucher des docteurs, en réformant les règles d’attribution du Crédit Impôt Recherche. Et il faut que le recrutement sur les emplois universitaires et de chercheurs se fassent dans les 6 ans suivant le début de la thèse, comme cela avait été proposé lors des Etats-Généraux de la recherche. Afin que l’issue d’un CDD ne soit pas un autre CDD, jusqu’à l’usure. Nous mesurerons le respect que le gouvernement porte à ceux qui sont la recherche de demain en fonction des mesures qu’il prendra dès le prochain budget.


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