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Anoraak ©moltisanti
Cette année, pour leur huitième édition, les Siestes (Toulouse) se sont déroulées du jeudi 25 au dimanche 28 juin, nous amenant dans des lieux aussi divers que la champêtre Prairie des Filtres, les peu connus Ateliers du Théâtre Garonne et que le festif Bikini. Mais, ne brûlons pas les étapes et commençons notre récit par le jeudi. Retenu au travail, j'arrive malheureusement bien trop tard pour voir Alva Noto et son show mêlant expérimentations sonores et visuelles. Il aurait, entends-je ici et là, attaquer plus fort qu'on ne pouvait s'y attendre. Je ne vois ce soir-là qu'un bout de la seconde prestation des Suicide Club. Pas assez chaud pour pleinement me laisser porter par un set assez rough ! Pas grave : on se rattrapera le lendemain. Départ pour la How To Kill La Mouv' Party au Ramier. Le week-end commence sur les chapeaux de roue - trop, peut-être...
Le vendredi, je ne manque rien. Ariel Pink livre une prestation plus "punk" que je ne l'aurais cru, le programme annonçant des "petites ballades déglinguées". Quand on le voit, on se dit qu'on aimerait bien vivre à L.A. : il y a les blondes - on le savait - mais on a la confirmation qu'on y trouve aussi des mecs déjantés avec qui s'encanailler. Anoraak livre ensuite en homme orchestre un live chanté qui peine à décoller, mais dont les airs nostalgico-italo-romantiques finissent par nous convaincre. On l'aime aussi parce qu'il a fait la démonstration que même les Macs peuvent planter... Mais la grosse claque, pour moi qui ai l'âme mélancolique ce soir-là, c'est le set de The Eternals. Ce qu'il y avait de mieux à voir lors de cette édition à mon goût. Ils ont livré un dj set chargé d'émotions, nous renvoyant toutes et tous, enfants déchus de la French Touch que nous sommes, à cette période bénie du milieu des années 90. Certes, la technique n'était pas parfaite (sans doute n'avaient-ils pas joué depuis un moment), mais la sélection était tout simplement idéale, très orientée old school évidemment, quoique les deux frères ne se soient pas privés de faire de régulières incursions dans la seconde moitié des années 2000, dressant ainsi, en quelque sorte, une cartographie possible - dix ans après - du mouvement dont ils ont été partie prenante. J'ai cru pleurer en voyant Ali et Farid se soutenir mutuellement derrière les platines !
L'après-midi du samedi était celle des premières siestes à proprement parler. On pouvait - gratuitement - écouter de la musique et boire un verre tout en faisant un petit somme au bord de la Garonne. Que rêver de mieux pour débuter l'été ? Cela étant dit, je dois avouer que je n'ai pas pu assister aux lives de Ghostape ni d'Etienne Jaumet, à mon grand désespoir : je voulais tant voir sur scène le producteur du très beau Repeat Again After Me. Ecoutant les dernières notes de Kim Hiorthoy, j'attends avec impatience Prosumer, qui ne me déçoît pas. Avec son physique d'ours, il parvient petit à petit à faire se lever la foule, en piochant dans son dj bag tous les tracks les plus beaux de la décennie, oscillant habilement entre deep house - au vrai sens du terme, minimale et techno. On a même eu droit aux premiers Sound of Cologne !
Nous sommes donc parés pour passer une bonne soirée au Bikini. Arrivé sur place, je regrette l'absence de Para One, qui a dû s'excuser, pour raisons familiales. On m'annonce que Mondkopf, qui ne figure pas au line-up initial, a joué en début de soirée. Je l'ai manqué - mince ! Le set de Lawrence, qui avait du mal à chauffer les danseurs, est lui aussi sauvé par un bug de son Mac - décidément ! Une fois le problème résolu, il envoie en effet I Want To Sleep de Dj Koze, qui nous "ambiance" enfin, avec sa voix féminine (ultra) sexy. Isolée, que tout le monde attend (n'est-ce pas, Gaby ?), ne tergiverse pas et se montre pertinent d'entrée de jeu. Bravo ! La salle exulte, quand, à mi-chemin, il nous livre une version live de son culte Beau Mot Plage. Dj Koze est le dernier à prendre les platines, pour deux heures d'un set minimal house chaloupé, qui se conclut par un chant folklorique sur lequel tout le monde danse, en couple, dans une communion salutaire. Son set est chaud, groovy, sensuel. Pas de surenchère, mais un groove subtil qui finit par s'emparer de tous les corps. Il est rare qu'une soirée club n'ait pas besoin de bangers pour prendre. On ne sait d'ailleurs plus très bien si on doit regretter le désistement de Para. Certes, on aurait beaucoup aimé que ça explose finalement, mais on a le sentiment d'avoir vécu quelque chose d'unique. Dodo.
Ce moment hors du temps touche à sa fin. Dernière sieste électronique le dimanche, avant de retourner à la "vie normale". Après une longue discussion "circuit bending" avec les passionnés, nous nous dirigeons près de la scène pour écouter l'Ecossais Hudson Mohawke, dernière signature Warp. Là, Dahut nous apprend que nous venons de manquer l'incroyable prestation du duo Larytta, très impressionnant sur scène. Je m'en mords les doigts. Argh ! En tout cas, l'Ecossais est pour moi une belle découverte. Ce personnage grassouillet et pourtant gracieux, au look et à l'attitude de parfait geek, qui paraît gêné d'être là et d'y être adulé par le public, livre un dj set enlevé et virevoltant. Sa technique de mix, qui s'apparente à celle des djs hip hop, lui permet de passer du dubstep au hip hop (Millionaire de Kelis feat. Andre 3000), aussi bien que de purs tracks ravey ou techno à Michael Jackson, à qui il rend hommage à plusieurs reprises ! Epoustouflant. Et sous ses airs pantouflards, il se permet, malgré son jeune âge, d'arrêter plusieurs fois la musique, simulant sans état d'âme trois sorties de scène, avant de conclure pour de bon sur un magnifique classique de funk...
The Eternals - Wrath of Zeus (Original Mix) (Crydamoure / 2000) [click to download]
The Eternals - Wrath of Zeus (Zeusappella) (Crydamoure / 2000) [click to download]