Fraude, dopage, malhonnêteté. Le sport est une pratique où la tricherie est monnaie courante, autant dans le milieu professionnel que dans le monde amateur. Gagner à tout prix, se sublimer pour évoluer en leader d’une catégorie : la triche fait partie intégrante de toute activité sportive. Tennis, cyclisme, rugby, automobile : aucun sport n’est épargné par la suspicion et les escroqueries. L’affaire Renault en est le parfait reflet.
Qu’est-ce qui pousse le sportif à tricher ? Dans une interview accordée au site lemonde.fr, Nigel Warburton, philosophe britannique et collaborateur régulier d'émissions sportives sur la BBC, s’appuie sur le fait qu’ « on essaie de pousser au maximum pour savoir jusqu'où on peut aller ». Le théoricien anglais s’explique : « Pour ce qui est de la motivation, je pense que cela dépend de l'occasion ou même du sport. Cela peut être l'argent, la gloire, l'envie de vaincre, le manque de recul ou tout simplement l'absence de morale chez l'athlète ».
Tête à queue et sang douteux
Mais l’athlète n’est pas le seul individu à souhaiter tricher. Question complot, Flavio Briatore en connait un rayon. L’italien, instigateur de l’accident volontaire provoqué par Nelson Piquet Jr, vient d’être suspendu à vie de toute responsabilité dans le monde automobile. Briatore nie toujours son implication dans l’un des plus grands scandales que l’histoire de la Formule 1 ait connue. Par conséquent la FIA « refusera d'accorder une licence à tout pilote managé par Briatore ou sous contrat de quelque manière que ce soit avec lui».
Autre sport, autre scandale. L’affaire "Bloodgate", une histoire récente impliquant l'équipe anglaise de rugby des Harlequins. Le coach de l’équipe londonienne a simulé une blessure de l’un de ses joueurs à l'aide d'une capsule de faux sang. L’ailier a donc été obligé de sortir sur saignement, comme le règlement le prévoit. L’entraîneur a pu faire rentrer un buteur pour taper une pénalité importante en fin de match. La pénalité a été ratée et les caméras, braquées sur le banc, ont tout révélé. Pour Nigel Warburton : « Ce fut un énorme scandale. Parce que même si les Harlequins n'ont pas gagné le match, c'était un geste si forcé et prémédité, qui impliquait un tel niveau d'organisation au sein de l'équipe, que c'était plus grave que la simple triche consistant à tromper un arbitre ».
Le tricheur souvent plus intéressant que le vainqueur
Le dopage dans le cyclisme, les paris sportifs dans le tennis : les exemples de fraude sont de plus en plus nombreux. La sublimation, la gloire, la notoriété sont tant d’éléments qui peuvent pousser un athlète à tricher. Rappelons que l'immoralité est souvent plus intéressante que la moralité, le "méchant" est plus captivant que le "héros". La presse s’est passionnée pour Lance Amstrong et ses sept tours de France remportés haut la main. L’édition 2009 de la grande boucle a vu le retour du Texan le plus célèbre derrière Georges W.Bush, autre type de menteur. Ce tour n’a jamais autant mobilisé médias, spectateurs et spécialistes. Par comparaison, qui se souvient de Carlos Sastre, vainqueur de l’édition 2008 ?
Renault n’a écopé que deux ans de sursis, les Harlequins font toujours partie de l’élite du rugby anglais, Amstrong participera au prochain tour de France. Nikolay Davydenko, suspecté d’avoir laissé filer un match contre un inconnu en contre partie d’une grosse somme d’argent versée par des paris en ligne, joue toujours au tennis. La tricherie appartient bien au sport comme le mensonge convient à la politique. Mais le sport restera toujours la pratique favorite du public, toujours fidèle aux choses ayant trait aux émotions populaires.