Mieux connaitre la civilisation Maya grâce à l'étude du cratère de Chicxulub

Publié le 22 septembre 2009 par Jann @archeologie31

Le célèbre cratère de Chicxulub fait l'objet de recherches depuis une vingtaine d'années. L'impact de l'astéroïde qui l'a formé a probablement mit un terme à l'ère des dinosaures et aidé à l'épanouissement des mammifères.
Conjointement avec une équipe anglo-américaine, un chercheur de l'ETH Zurich a étudié les dépôts les plus récents qui ont rempli le cratère.
Les résultats fournissent la datation précise des calcaires et se révèle être une base précieuse pour les archéologues travaillant sur la civilisation Mayas.
La découverte du cratère de l'astéroïde de Chicxulub a été un long travail de détective: en 1980, basée sur des anomalies en iridium dans les sédiments d'argile, le physicien américain Walter Alvarez postulait une collision avec un astéroïde dévastateur il y a environ 65 millions d'années. Dix ans s'écoulèrent avant que le cratère ne soit découvert dans la péninsule du Yucatan. Les travaux de recherche, depuis lors, portent principalement sur la structure du cratère, qui est enterré sous une couche de sédiments jusqu'à deux kilomètres d'épaisseur, il ne peut être étudié qu'en utilisant des trous de forage ou des méthodes géophysiques. On connaît mal cependant les sédiments à proximité de la surface.
En collaboration avec des chercheurs américains et anglais, Adrian Gilli, Maître de conférences à l'Institut géologique de l'ETH de Zurich, a désormais rempli quelques-unes des lacunes dans les connaissances sur les dépôts de roches près de la surface.
Selon Gilli : "L'anneau du cratère de Chicxulub est à peine reconnaissable sur le terrain." Ceci en dépit du fait qu'il est nettement différent la géo-morphologiquement parlant, de l'intérieur du cratère: l'anneau, d'environ cinq kilomètres de large et d'un rayon d'environ 90 kilomètres autour du port de Chicxulub, est traversé par des fractures qui se produisent fréquemment à l'extérieur de l'anneau du cratère. Le calcaire le long de ces failles a été criblé de trous et érodé par les pluies et les eaux souterraines.
Le processus de karstification a créé à ce jour environ 3000 dépressions circulaires formant de petits bassins remplis d'eau. Ce sont ce que les Mayas ont appelé "d'zonot" ou "cenotes", les considérant comme une connexion directe au monde souterrain et les utilisant comme sites sacrificiels.

Auparavant, on pensait que les roches en dehors de l'anneau du cratère étaient plus âgées que celles de l'intérieur; mais aujourd'hui, les chercheurs ont pour la première fois été en mesure de déterminer leur âge exact.
Les échantillons de roches à l'intérieur de l'anneau ont donné un âge entre 2,3 et 6 millions d'années. Or, les roches en dehors de l'anneau sont vieilles de 10 à 33 millions d'années !
Gilli pense que le bassin du cratère avait été couvert par l'eau de mer pendant une période prolongée, ce qui a permis aux sédiments plus récents d'être déposés.
Les résultats permettent de mieux comprendre la géologie et de ré-élaborer et d'affiner les cartes périmées.
Les recherches archéologiques peuvent aussi bénéficier du travail des géologues: par exemple, la vie des Mayas, dont les colonies importantes de Mayapán et Chichén Itzá se trouvent dans ces deux régions géologiquement différentes, et peuvent être mieux étudiées, sur la base des données de strontium.
Gilli explique: "Nous voulions réaliser une étude purement géo-archéologique dans lesquels, au départ, le cratère n'a joué aucun rôle du tout." L'objectif était d'affiner une précédente étude des isotopes de strontium des roches autour des anciens sites mayas en ajoutant 72 nouveaux échantillons afin de permettre l'identification des variations à petite échelle dans le rapport isotopique.
Ainsi, les nombreuses mesures géologiques en liaison avec les valeurs biologiques des isotopes de strontium permet de faire ressortir les mouvements migratoires.
Cela pourrait déboucher sur des connaissances telles que, l'endroit où les Mayas prenaient leur matériel de construction, où ils cultivaient le maïs, etc....
Le strontium, provenant de la dégradation des roches, se retrouve dans les plantes. Lorsqu'elles sont consommées par les hommes ou les animaux, le strontium, au lieu du calcium habituellement, est incorporé dans les dents quand elles sont formées pendant l'enfance.
Si des cartes détaillées sur les isotopes de strontium sont disponibles, cela permet de déterminer la région dans laquelle une personne a grandi.
D'après Gilli : "Cela devient particulièrement intéressant si l'origine des dirigeants des différentes villes Mayas peut être déterminée. Cela permet de tirer des conclusions sur les structures sociales des Mayas".
Source:

Liens:

  • ETH Zurich: http://www.ethz.ch/index_EN
  • Adrian Gilli: fiche, email