Rendre obligatoire une mention signalant la retouche sur les photos de personnes passées à la moulinette de Photoshop ? C’est ce que propose la députée UMP des Bouches-du-Rhône Valérie Boyer. Sa proposition de loi, déposée le 15 septembre dernier, prévoit l’apposition obligatoire de la mention « Photographie retouchée afin de modifier l’apparence corporelle d’une personne » sur tous les documents publics, publicités, reportages, catalogues ou œuvres d’art. Les contrevenants s’exposeraient à une amende de 37 500 euros, pouvant être portée à 50 % des dépenses consacrées dans le cas de la publicité.
Reconnaissons-le : tout cela part d’un bon sentiment. Cette disposition vise essentiellement les photographies de femmes, rendues parfaites grâce aux logiciels de retouche, qui « exercent une pression sociale sur les femmes et les jeunes filles », comme l’explique la députée. « Ce qui peut déboucher sur des complexes, voire des comportements dangereux pour la santé comme l’anorexie ». La mesure permettrait ainsi « de sortir du virtuel, de se rendre compte que ces images sont totalement fabriquées. »
Mais on voit mal comment elle pourrait être appliquée, tant la retouche est chose courante dans la presse et la communication. Où s’arrêtera-ton ? La correction des yeux rouges devra-t-elle faire l’objet d’une mention ? Que faire des photos de président de la République dont les bourrelets sont gommés ? Et si l’on veut être cohérent : les personnes reliftées, botoxées ou celles qui se sont fait refaire les seins devront-elles le signaler ?
En attendant, repassons-nous cette bonne vieille pub Dove.
Et en contrepoint, cette parodie, baptisée Campaign against real life.com (Campagne contre la vraie vie.com). Car « personne ne veut voir des personnes moches ». Pas faux.
Source : NouvelObs, LePoint.fr