EADS, de forts relents de Clearstream

Publié le 14 octobre 2007 par Nico2312
Il est des coïncidences qui font l'effet d'un crash aérien. Ainsi alors qu'avec à peine 18 mois de retard, Airbus livre enfin son premier A380, la polémique bat son plein en France autour de l'éventuel délit d'initiés. Arnaud Lagardère aurait en effet tiré de substantiels profits en revendant ses actions EADS à la Caisse des dépôts juste avant l'annonce des premiers retards de l'A380 qui menacent au passage plusieurs milliers d'emplois.
Premier ministre au moment des faits et donc en première ligne de cette polémique, Dominique de Villepin remarque qu' "il est très intéressant d'observer dans cette affaire EADS que la polémique autour du rôle de l'Etat occulte complètement le fond du dossier". L'attaque étant la meilleure des défenses, celui qui depuis quelques semaines se révèle être le plus farouche opposant à Nicolas Sarkozy, vise implicitement le chef de l'Etat, "son frère", et "la soeur de sa femme" en glissant qu' "on rappelle que Nicolas Sarkozy est très proche d'Arnaud Lagardère" et que l'actuelle garde des Sceaux Rachida Dati "a travaillé pour le groupe Lagardère". Face à de telles insinuations, Arnaud Lagardère a répondu dans "son" journal, le JDD, (qui n'allait évidement pas le contre-dire...) que "Matignon a suivi l'opération depuis le début" puisque "dès janvier 2006, ses collaborateurs ont eu des réunions répétées et à haut niveau concernant l'opération avec les services du Premier ministre".
Alors que cette opposition frontale entre les clans sarkozyste et villepino-chiraquien devient chaque jour un peu plus nauséabonde au point de rappeler de plus en plus une certaine affaire Clearstream, le PS, par la voix de François Hollande, ne trouve rien d'autre à faire que de réclamer la constitution d'une commission d'enquête parlementaire sur "le rôle de l'Etat dans l'affaire EADS".
Reste également à élucider le rôle joué dans cette affaire par Thierry Breton. Sa remplaçante à Bercy, Christine Lagarde a beau essayer de dédouaner son administration en se basant sur une enquête interne de cette même administration (dont il aurait été étonnant qu'elle s'accuse elle-même...), il n'en reste pas moins que le passé de Thierry Breton, tant à France Télécom qu'à Rhodia ne plaide pas en sa faveur. Et comme l'a parfaitement résumé François Chérèque, "soit il ment, soit il est incompétent"... sans doute il y a-t-il un peu des deux.