De quelle couleur est-ce, maman ?

Par Vanessav
Les couleurs sont une notion pas encore maîtrisée par le loupiot. Je n’ai pas trouvé l’accroche, j’ai du trop attendre de faire moi-même une boite de couleurs à la Montessori avec un des nuanciers de ma maman peintre. Pourtant deux approches se sont offertes pendant nos lectures du soir.


« Le magicien des couleurs » d’Arnold LOBEL tout d’abord, graphiquement codifié aussi. Le magicien agacé par son monde trop gris pratique la magie pour sortir de cet univers maussade. Par hasard, il découvre le bleu. Pour égayer sa maison, il la peint de cette superbe teinte.

Tout de suite suivi par le reste des villageois… les maisons mais aussi les arbres, les vaches, les coccinelles, les écureuils. La mode du bleu pour un monde heureux ! Mais tout en bleu a aussi des conséquences sur les sensations et le comportement. La mode du bleu passe pour la mode du jaune, puis du rouge jusqu’à…
Cet album offre une dérision sur les couleurs normales des choses : une coccinelle bleue, un cochon jaune, un chat rouge autant que les poissons. Et l’application exhaustive d’une seule couleur propose une lecture de nos réceptivités au monde :

bleu tristesse, rire jaune chez le dentiste, jaune éblouissant, rouge colère…

pour apprendre la demi mesure. Malice nous en parle là.
« Monsieur le lièvre voulez-vous m’aider » de Charlotte ZOLOTOW, illustré par Maurice SENDAK, apporte une autre sensibilité, les couleurs ne sont pas affichées dans l'album, elles sont presque juste évoquées. La petite fille souhaite offrir un cadeau pour l’anniversaire de sa maman mais ne sait pas quoi.

Elle demande de l’aide au sage lièvre.
« - Je voudrais lui offrir quelque chose qu’elle aime bien. - Quelque chose qu’elle aime ! Ca, c’est un beau cadeau, dit le lièvre. »
« - Le rouge ? Tu ne peux pas lui offrir du rouge ? - Peut-être quelque chose de rouge, dit la petite fille. », s’ensuit les objets rouges, jaunes, verts et bleus.

La poésie de l’offrande est là avec cette sensibilité aux belles choses mises en appositions avec les pierres précieuses, chères et pas si adaptées peut-être : des oiseaux (non pas en cage) ? Le soleil ? Les lacs ? Le ciel ? Une bonne manière de modifier notre vision du présent, le cadeau, et de notre prédisposition au consumérisme.
Je n’ai pas fini de parler de Maurice SENDAK (dont je parlais déjà pour « Max et les Maximonstres ») et d’Arnold LOBEL mais ce sera plus tard. Je ne peux m’empêcher aussi de penser à cet album qui n’est pas encore chez nous… les couleurs tactiles du « livre noir des couleurs » de Menena COTTIN et Rosana FARIA… des couleurs d’aveugles, des couleurs d’atmosphère.