Pendant que 500 grandes compagnies internationales lancent une déclaration solennelle pour que le sommet de Copenhague produise un accord « ambitieux, solide et équitable » sur le changement climatique, un rapport, publié par une coalition d'investisseurs, met en cause les limites des politiques de réduction d'émissions de gaz à effet de serre des 100 plus grandes entreprises mondiales.
Le «communiqué Copenhague », lancé officiellement le 22 septembre, est un appel adressé par les acteurs économiques aux gouvernements qui vont se réunir début décembre au Danemark, pour décider de la suite à donner au protocole de Kyoto. L’objectif est de leur faire entendre que les entreprises, quels que soient leurs métiers et leurs implantations géographiques «pâtiront » de l’absence d’un accord « ambitieux, solide et équitable » à ce sommet.
Les 500 leaders économiques qui ont signé la déclaration, lancée initialement par le groupe de travail sur le changement climatique de la fondation du prince de Galles avec l’appui du programme pour le développement durable de l’université de Cambridge, partagent l’idée que « le développement économique ne sera possible à moyen-long terme que si le climat est stabilisé ». Pour cela, ils soulignent la nécessité de prendre des engagements de réduction « immédiats et ambitieux. » Pour Craig Bennet, co-directeur de l’organisation à l’origine du Communiqué Copenhague : « Si nous avons pu rassembler, autour de la même déclaration, une telle variété de compagnies, des multinationales de tous secteurs, venant des pays développés et émergents, des marques mondiales, des petites et moyennes entreprises, pourquoi ne pas imaginer que les gouvernements puissent faire de même à Copenhague ? »
On trouve effectivement parmi les signataires Nike, Coca Cola, Allianz ou le fonds pension californien Calsters, sans oublier des entreprises brésiliennes, indiennes ou sud africaines. Les signataires mis en avant sont aussi par exemple le dirigeant d’une entreprise chinoise. Longqian Pan de Chervon Ltd explique : « Nous avons une politique de réduction de nos besoins énergétiques et donc de nos coûts, ce qui est bon pour l’environnement est bon pour le business. » Roger Agnelli, le président de la compagnie minière brésilienne Vale SA, lui fait écho: « J’ai signé le communiqué parce que je suis convaincu que le monde va changer pour aller vers une économie faiblement émettrice de carbone. C’est l’avenir. »
L’enthousiasme des signataires, mesurable sur le site dédié lancé pour l’occasion, est cependant relativisé par les conclusions d’un rapport publié cet été par le Carbon Disclosure Project. Dans une étude intitulée « The carbon chasm », cette coalition d’investisseurs (475 signataires qui pèsent ensemble 55 000 milliards de dollars) a passé au crible les politiques climat des 100 plus grandes capitalisations mondiales. On retrouve parmi elles des signataires du "Communiqué Copenhague" comme Shell. Ses conclusions sont pour le moins nuancées sur l’efficacité des diverses politiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre mises en œuvre. « Il existe un gouffre entre les objectifs de réduction établis par les scientifiques et les objectifs de réduction que se sont données les entreprises » écrivent les auteurs du rapport. Chacune d’elle a adopté des politiques d’ambition variable mais leur point commun est de rarement dépasser l’horizon 2012, date de la fin programmée du Protocole de Kyoto. Ils ajoutent : « l’un des premiers objectifs que doivent se fixer les entreprises, même s’il est difficile à atteindre, est d’harmoniser leurs politiques de réduction et de les aligner sur les chiffres que donnent la communauté scientifique.»
Tout le monde semble d’accord sur la nécessité d’obtenir des accords « ambitieux, solides et équitables » pour lutter efficacement contre le changement climatique mais qui commence ? Les acteurs qu’ils soient politiques ou économiques, sont nombreux à espérer que ce soit d’abord l’autre !
Anne-Catherine Husson-Traore
Mis en ligne le : 22/09/2009
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