Le patron était un vrai cafetier joignant l'amabilité à la fermeté, sachant créer l'ambiance. Beaucoup de ses clients rentraient de la guerre et voulaient rattraper le temps perdu.
Parmi eux, l'imprimeur, le cordonnier, l'horloger, le tailleur, le maître-maçon, le charcutier surnommé "Fine-Tranche" parce qu'il avait gagné le premier prix au concours de découpage des jambons (à l'époque , il n'y avait pas de machine!).
Il y avait aussi Mr Toutou, ancien notaire, avec son chapeau haut de forme, sa redingote et son chien.
Tous ces braves ne fonctionnaient pas à la bière mais à l'apéritif , avec des regrets sur le décret interdisant l'absinthe qui rendait fou, mais qui transformait l'heure de l'apéritif en véritable cérémonie, avec la cuillère trouée, le sucre, et le goutte à goutte manuel. Le champagne était servi le soir et le St Marc ne fermait jamais ses portes avant Minuit.
Le dimanche soir, toute l'équipe était là. Certains jouaient au billard, aux cartes ou aux fléchettes. D'autres plus placides, assis autour de la table ronde, fumaient leur pipe en terre
Dans tous les estaminets, le café était gratuit le matin.Le "chenic"(genièvre de Wambrechies)se payait dix centimes, La bière, dix centimes la chope, grande ou petite, suivant la coiffure , casquette ou chapeau.La canette en étain valait vingt-cinq centimes...
D'après Lucien Beun: "vie et souvenirs".