Jérôme Garcin aussi mélange souvenirs et portraits d’écrivains, notamment ceux qu’il a rencontré. Comme lui j’aime les textes intimes, ceux qui « offrent l’illusion qu’on est dans le secret des dieux, qu’on partage la vie des morts, que l’éternité est familière ». Les livres ont un visage (Mercure de France) s’ouvre – il n’y a pas de hasard – sur une visite à Gracq en janvier 2002, une promenade le long de la Loire, l’évocation aussi de l’Académie française à laquelle il estimait ne pas pouvoir appartenir dès lors qu’il avait été proche des surréalistes : « L’immortalité, ce n’est guère que la permission pour quelques-uns de continuer à vieillir un peu une fois morts. » Garcin a bien cerné le personnage, et ce qui explique en partie la retenue de l’homme : Gracq comme Flaubert voulait que l’on ne le retrouve que dans ses livres. Et Jérôme Garcin de rêver : « On devrait remplacer les manuels, les anthologies et les dictionnaires, où les grands écrivains s’ennuient à mourir et intimident les élèves, par des ouvrages où ils seraient présentés par leurs pairs, portraiturés par leurs contemporains, racontés par ceux qui les ont aimés et ont, parfois, partagé leur table ou leur chambre. »