Le soir c'est la foire.
J'ai gagné une fille à la sueur de mon pot de moutarde, mais une fille inusable, sans pile, à rechargement solaire. Ecologique, remarquez. Et durable avec ça. Ainsi, au bout de trois semaines d'école à raison de 8 h 30 - 18 h 45, elle ne fait toujours qu'une heure de sieste paraît-il. A 23 heures elle est toujours en pleine forme, alors que ses frères, qui partagent la même chambre, sont (un peu) rectifiés, au moins aux alentours de 22 heures. Mon mari ne s'endort jamais avant minuit, ça doit être génétique pour mon malheur.
La gamine gigotte dans tous les sens, sort de son lit, trottine partout, à moins que je reste auprès d'elle. Le mot fessée est prononcé plusieurs fois, sans aucun succès. Finalement je me cale contre elle, et Mademoiselle passe commande :
"''tite chanson ! "
OK. Colas mon p'tit frère, Frère Jacques et Meunier tu dors sont devenus des potes, à force, je comprends.
Et je chante. Je fais mine de partir, en expliquant que Maman dort avec Papa, que Maman a du travail, que Nina va dormir toute seule dans son lit comme une grande fille.
"'tite chanson !"
(...)
"'tite chanson!"
OK, et c'est reparti. Jusqu'à ce qu'une petite voix se fasse entendre, celle de mon 9 ans, là, juste au-dessus :
"Est-ce que je pourrais dormir, où est-ce que tu as encore envie de chanter ?
(...)
- Euh, ça va aller mon chéri, j'ai fini de chanter."
Je finis par quitter la pièce tandis que la gamine allume toutes les lampes articulées (chaque lit à sa lampe) pour les braquer sur elle, et c'est comme ça qu'elle s'endort, le cul en l'air.
Pas folle la guêpe, il faut bien qu'elle se recharge, pour demain...