Les conflits « bonbonnes de gaz » auront défrayé la chronique depuis prčs d’un an. La rentrée sociale est davantage marquée par le défaitisme et le repli sur soi que par la mobilisation et les actions collectives. Il n’empęche : les violences, les séquestrations, les menaces de détruire l’outil de production ont mis en scčne des acteurs aux comportements et aux intéręts souvent trčs différents.
Derričre les conflits sociaux fortement médiatisés de New Fabris, Nortel, SKF ou JLG se cache une fracture entre acteurs sociaux. On peut schématiquement les classer en quatre catégories : les desperados, les Zorro, les Don Quichotte et les zombies.
Les desperados ce sont les salariés des entreprises en liquidation qui menacent de saboter leur usine pour obtenir un meilleur traitement que les seules indemnités légales. Dans les entreprises qui conduisent un plan de sauvegarde de l’emploi, les conditions de départ peuvent ętre substantielles : jusqu’ŕ 50.000 euros chez Continental ou Faurecia. Il n’en va pas de męme pour les salariés d’un sous-traitant placé en liquidation judiciaire. Dans ce cas, les indemnités de licenciement ne sont que d’un cinquičme de mois par année d’ancienneté. Alors, la bonbonne de gaz pour faire sauter l’usine devient le parachute doré du prolétaire. Un double désespoir s’exprime dans ce combat : d’une part, il signifie de façon tragique le deuil de son entreprise, d’autre part il exprime une désillusion définitive ŕ l’égard du travail. Ces conflits ne sont pas destinés ŕ obtenir le maintien de l’emploi sur le site, mais un « chčque ŕ la valise » qui ressemble ŕ un abandon de toute perspective d’emploi. Quel investisseur, en effet, proposera la reprise d’une usine piégée ŕ la bonbonne de gaz par ses salariés ? Les desperados ne luttent pas pour maintenir l’emploi mais de « gagner plus pour ne plus travailler du tout ».