Un bon gynéco c’est un peu comme un coiffeur qui ne vous donne pas envie de vous jeter direct sous un train en sortant pour cause de brushing à la Cher, ça se fait rare. Alors quand on en tient un, un bon, un vraiment bon, on se refile l’adresse sous le manteau, on fait jouer le téléphone arabe, on se le « recommande » comme on dit dans les milieux sélec. Bref on y refourgue toutes nos cops’ pour gagner le frotti gratuit pour 10 nymphettes ramenées.
C’est vrai, faut être honnête, dans la majorité des cas l’expérience manque cruellement de glamour. C’est un mauvais moment à passer. On transpire sang et eau dans une salle d’attente où règne l’anxiété et la pudibonderie. « Quoi, comment ça ? Les autres femmes auraient aussi un vagin ? » « Nan mais je vous jure hein j’ai jamais couché avec un garçon » « Quoi vous dites ? Oh oui c’est vrai, je lis les panneaux sur les MST mais uniquement pour parler des dangers de la sexualité hors mariage au prochain comité des tricoteuses de quartier »… Bref un vrai concentré de Pyrénées contractés dans les back-rooms du 16ème.
Quand en plus on a de la chance, le mec est froid, le gyn-est-con (ils doivent recruter sur casting), et tout dans son attitude nous rappelle notre boucher avec son regard torve et son geste mécanique debitant les quartiers de bœuf. Fuyant devant la boucherie, et avec le mince espoir de redresser la barre (pas celle du gynéco-boucher, car lui on se demande vraiment comment il la redresse après une journée de dépeçage à la chaine), on a presque toutes tenté la gynéco femelle. Ne serait-ce d’ailleurs que pour rendre l’expérience moins humiliante, la position pattes en l’air dans les étriers rendant rarement grâce à notre beauté.
Mais que nenni, que nenni que miche ! La Gynecotte est une perverse, et la pire de toutes, sous prétexte qu’elle aussi est dotée dudit vagin et qu’elle aussi passe régulièrement au contrôle technique. Elle a du coup la délicatesse d’un pachyderme, avec en prime un regard sournois façon « vous me la ferez pas à moi hein, je sais ce que c’est alors, tais toi fillette, mords dans ton bâton et écarte les cuisses ». glurps. Je suis sûre que la mère d’Hitler était gynécotte.
Tout ça pour dire qu’il ne faut pas perdre espoir. Car là dehors dans cette jungle aseptisée, il reste encore des gyn-est-cool qui ont le feu sacré, des Doc Gynéco sans casquette ni pétard, des Doc et Difool sans Difool … Des toubibs qui nous voient débarquer nous et nos “corps qui changent”, avec le sourire. En même temps y’a de quoi, le mien par exemple roule en Porsche depuis que je me déshabille pour lui. Et je tiens à préciser que sorti du contexte, je renierais chaque mot de cette phrase.
Bref il existe des types, médecins de leur état, sinon c’est trop facile, qui vous regardent comme une femme, qui s’extasient sur la finesse de votre cheville alors que vous venez d’accoucher et que tout le reste de votre silhouette ressemble à celle d’un veau marin. Des gynécos qui s’extasient devant la beauté de votre col (je sais ça fait bizarre la première fois), et qui veulent absolument vous faire partager ce merveilleux spectacle grâce à d’ingénieux miroirs. Ça aussi ça fait bizarre la première fois.
Un conseil au passage, devant ce type de spécimen évitez de vous montrer trop curieuse au risque de vous retrouver avec une webcam’ dans le col et d’assister en live à l’arrivée de votre Jules dans votre intime intimité. Erk, ça doit aussi faire bizarre la première fois. Pas l’arrivée de Jules hein, enfin quoique la première fois… Mais plutôt l’aventure intérieure parce que bon perso l’idée de m’envoyer en l’air de l’intérieur aurait tendance à me retourner direct. Re-erk tiens.
Il en reste donc des Djinn&co , exauceurs de vœux, psychothérapeutes de couple qui passent une heure à fixer Jules dans les yeux (oui certains Jules accompagnent certaines Juliette quand elles vont vêler) pour lui expliquer, par le menu et en détail je vous prie, que Madame doit jouir avant Monsieur, et ceci sans aucune exception acceptable. Croyez moi : la consultation 45 €, la tête de Jules pris en flag’ comme un môme pour vol de bonbon, ça n’a pas de prix.
Et oui, vous l’avez deviné, je fais donc partie des chanceuses, car il est comme ça le notre : un peu déjanté mais irremplaçable. On a fini par le trouver et pour nous c’est un croisement incertain entre Garcimore et Enrico Macias qui est devenu la star incontestée de nos soirées filles (on doit être 15 à se le partager en copropriété). C’est notre doc idéal, accessoirement parce qu’il est bon, ensuite parce qu’il glousse, parce qu’il nous kiffe, parce qu’il nous fait marrer, mais une star surtout car il réussit à chaque fois le miracle de nous faire oublier qu’on est là pour une corvée…
Alors courage les gonz’, écumez les annuaires, croisez vos infos, la quête du gynéco prend parfois autant de temps que celle du prince charmant, mais avec un peu de chance, lui (nan nan je suis pas énervée contre les princes charmants, nan nan, sa race sa mère…) , LUI donc, vous le garderez à vie !