Dans l'ensemble ce texte n'appelle pas de remarque particulière. Il est même plutôt remarquable, dans un tout autre sens, parce qu'il rappelle comment parvenir à la réconciliation, perpétuellement inachevée, qui doit cependant être poursuivie, en commençant par son entourage.
C'est pourquoi j'ai été réellement peiné que dans un texte sur la réconciliation figure cette phrase :
Les démarches du Pape en faveur d’une réconciliation
avec les intégristes, au début de cette année, nous a remis en mémoire la fracture profonde
que connaît notre Eglise depuis le Concile.
L'internaute qui me lit régulièrement sait que je n'aime pas cette épithète d'intégriste, avec laquelle on qualifie les catholiques qui ont suivi
Mgr Lefebvre. Pourquoi ? Parce qu'en l'occurrence c'est un mot qui n'est pas approprié, qui a une connotation péjorative, voire injurieuse, et qui est employé à
dessein par les ennemis de l'Eglise pour discréditer des catholiques attachés, parmi d'autres, et à leur manière, à la Tradition.
D'une façon générale je n'aime pas le suffixe "isme", même s'il m'arrive parfois de succomber à la tentation d'employer des mots qui le comportent, ou en dérivent. Pour me sermonner je me
répète alors la phrase suivante, tirée d'Eumeswil d'Ernst Jünger :
Le suffixe "isme" a une acception restrictive: il accentue le vouloir, aux dépens de la substance.
Ce suffixe, en effet, ne permet pas de nuancer, alors que je suis convaincu, par expérience, que tout est nuances.
Les catholiques qui sont suivi Mgr Lefebvre ne se reconnaissent pas dans le terme d'intégristes, mais dans celui de tradis ou de catholiques traditionnels, qui
n'acceptent d'innovation que dans le sens de la Tradition.
Il aurait donc été préférable que les évêques suisses emploient cette dernière expression - moins médiatique, mais plus conforme - dans un texte qui se veut un appel à la
réconciliation. Mais veulent-ils vraiment de cette réconciliation? On peut en douter ( Voir mon article Ces éminences catholiques
suisses qui tirent dans le dos de Benoît XVI ).
Et leur magnifique appel à la réconciliation perd de sa force de conviction à ne pas prêcher d'exemple.
Francis Richard