Joëlle Wintrebert
Au Diable Vauvert
(2002)
Si on la compare à l'américaine, la SF francophone frappe par la proportion réduite d'auteurs femmes. Dans la mesure où elles demeurent une exception, le critique moyen (lui aussi souvent un homme) peut avoir tendance à se focaliser sur cette « exceptionnelle », et en attendre une thématique liée aux relations entre les sexes. Joëlle Wintrebert avait jusqu'ici déjoué les attentes, en n'abordant pas de face cette thématique. Surprise : Pollen met en scène une société utopique matriarcale, qui ne peut manquer d'évoquer les constructions de la grande tradition de la SF « féministe » américaine (telle que représentée dans certains romans de Le Guin, Sargent, Charnas, McIntyre et Vonarburg par exemple). Wintrebert va jusqu'à saboter discrètement la grammaire française en faisant du féminin le genre générique au pluriel (pour désigner un groupe de sexes différents). Tombe-t-elle pour autant dans l'évidence ? Non, bien sûr.…