Par un communiqué de presse la ville de Châtillon nous informe de l’introduction de produits bio dans les cantines scolaires de la ville. Nous félicitons bien sûr la mairie pour son initiative même si, à la lecture de CP, nous restons quelque peu sceptique sur la détermination des élus à faire plus que le strict minimum. La commune invoque en effet dans son communiqué une offre insuffisante en produits bio pour justifier une montée en puissance graduelle.
Pourquoi une telle justification? Et surtout pourquoi condamner, une fois de plus, les importations ?
Certes les surfaces cultivées en bio sont insuffisantes. On le sait bien. Oui, l’importation de produits bio génère l’émission de CO2 dans l’atmosphère. Mais si j’applique ce raisonnement aux autres biens que je consomme, j’arrête de travailler, de circuler. L’ordinateur sur lequel je travaille est fabriqué en Chine, la voiture que je conduis vient de Roumanie (et pourtant c’est une marque française) et la banane que j’ai mangé à midi est importé des Antilles (françaises bien sûr).
Ne faut-il donc consommer que des produits fabriqués en France? Les produits bio seraient-ils les seuls que l’on ne puisse pas importer sous prétexte qu’ils sont bio???
On voit bien que cet argument est irrecevable et en réalité pousse à l’immobilisme. Car malheureusement sans demande de la part des cantines scolaires, l’agriculture bio de proximité ne pourra pas se développer en France.
Allons un peu de courage messieurs les hommes politiques !! Changez de discours !! Remplacez l’éternelle litanie: “désolé on ne peut pas offrir plus de produits bio car l’offre est insuffisante” par la proposition inverse autrement plus positive: puisque l’offre est insuffisante, offrons à nos agriculteurs des débouchés en ouvrant largement nos cantines scolaires à leurs produits. La dynamique en sera complétement inversée. Dans la 1er cas on constate une situation déprimante et on l’entérine. Dans l’autre cas on agit volontairement contre cette situation car on estime qu’elle est insuffisante et qu’elle doit changer. C’est le rôle de nos élus non ?
Tout le monde y gagnera et pas seulement l’environnement. L’agriculteur pourra faire sa transition vers le bio sereinement car il aura des marchés garantis sur la longue durée et sa santé en sera préservée. Les enfants mangerons des produits sains dans leur assiette. Enfin l”homme politique aura mis son pouvoir (d’achat) au service d’une cause difficile mais juste et il pourra se présenter l’esprit tranquille devant ses électeurs avec le sentiment du devoir accompli.