- Devant la Porte – (Emily Dickinson)

Par Arbrealettres

J’avais passé – longtemps – loin de Chez moi -
Et à présent – devant la Porte -
Je n’osais ouvrir – de peur qu’un visage
De moi encore jamais vu

Ne me fixe impassible en ces lieux -
Seulement – une Vie que j’ai quittée -
Demeure-t-elle – toujours là?

Je rassemblai mon courage -
Scrutai longuement les Fenêtres -
Le Silence – comme un Océan déferla -
et se brisa à mon Oreille -

J’éclatai d’un rire Stupide -
A l’dée – de craindre une Porte -
moi qui avais affronté – Danger – et Deuils -
Et jamais tremblé – encore -

A la poignée j’ajustai – ma Main -
Avec d’inquiètes précautions -
De peur que la Porte Terrible ne bondisse -
et ne me cloue – au Sol -

Otai mes doigts, aussi prudemment que si c’était du Verre -

Et tendant l’Oreille – comme un Voleur
M’enfuis – en suffoquant – de la Maison.

(Emily Dickinson)