Ce n’est pas très difficile de présenter l’ensemble des principes moraux, politiques et économiques qui caractérisent un libertarien, car cet ensemble repose sur une prémisse très simple : la revendication radicale de la libre disposition de son corps ou de sa propre personne. Il revendique ce que l’on appelle le “self ownership” ou la propriété de soi. Ni Dieu, ni Maître. De celle-ci on déduit une philosophie politique, une épistémologie, une éthique et une économie politique qui caractérisent si bien la façon de penser des libertariens.
En 1646 du temps de la révolution de Cromwell, dans la prison de Newgate, Richard Overton, un des leaders parmi les levellers écrivit le pamphlet célèbre : “An arrow against all Tyrants”. Cet écrit affirme haut et fort le concept de propriété de soi qui caractérise depuis cette date tous les libertariens:
“To every individuals in nature, is given an individual property by nature, not to be invaded or usurped by any ; for every one as he is himself, so he hath a selfe propriety, else he not be himselfe”
En appui à cette revendication John Lilburne, un autre leveller écrit dans “Free man’s Freedom Vindicated” :
“individual man and woman who are and were, by nature all equal and alike in power, dignity, authority and majesty, none of them having by nature any authority, dominion, or magisterial power one over or above another; neither have they, or can exercise any but merely.. by agreement or consent, given, derived, or assumed by mutual consent and agreement for the good benefit and comfort each of other, and not for the mischief, hurt or damage of any”
Cette revendication radicale de la propriété de soi trouve son expression dans l’article 2 de la déclaration des droits de l’homme du préambule de notre constitution.
“Le but de toute association politique (y compris donc de DL) est la conservation des droits naturels imprescriptibles de l’homme, ces droits sont la liberté, la propriété et la résistance à l’oppression”
Il est clair qu’aujourd’hui tous les partis politiques qui entrent en compétition pour obtenir les votes des français devraient tous être déclarés comme anti-constitutionnels puisque sans exception leurs buts affichés et leur plate-forme électorale consistent essentiellement à violer l’article 2 du préambule de la constitution de la V ème République.
Revenons sur les trois ou quatre caractéristiques intellectuelles d’un libertarien.
Une épistémologie
La compréhension de la réalité sociale qu’ont les libertariens ne diffère pas fondamentalement de celle des libéraux classiques. Elle repose sur l’individualisme méthodologique. L’individualisme méthodologique consiste à expliquer les phénomènes économiques et sociaux seulement à partir des actions réactions et interactions entre les individus qui composent la société. En effet, par définition tous les évènements qui fondent l’histoire humaine et donc l’histoire économique, politique et sociale sont toujours le produit de l’action humaine individuelle, car seul les êtres humains agissent . L’individualisme s’oppose au holisme ou à l’organicisme qui caractérise l’épistémologie d’une grande partie des universitaires et intellectuels français quelle que soit leur discipline.
Dans une perspective identique les libertariens affirment la primauté non seulement de l’individualisme méthodologique mais aussi du subjectivisme C’est l’individu qui a des préférences ou des valeurs. C’est lui seul qui de façon ultime, sait ce qui est bon pour lui. C’est lui qui vit une existence séparée qui en supportera les peines et les plaisirs. On ne peut donc se mettre fondamentalement à sa place. C’est en cela que l’on parle de subjectivisme. Toute idée contraire – que l’on puisse se mettre à la place d’autrui et le forcer à avoir une autre vie que celle qu’il aurait choisie parce que l’on pense avoir par exemple une meilleure connaissance ou expérience que l’individu lui-même de ce qui est bon pour lui – constitue d’une part une prétention qui n’est pas du ressort de la nature humaine et d’autre part comme le rappelle Richard Overton un vol de propriété. On prive l’individu d’une autre vie. En quoi est-on habilité à priver quelqu’un du destin qu’il a choisi fut-il funeste pour lui ?
La primauté accordée à la coordination des actions individuelles, à la science de l’échange ou à la “catallaxie” et d’une façon générale aux aspects procéduraux de l’interaction individuelle (ils s’intéressent au Droit, à l’Etat, aux constitutions, aux normes sociales etc. ) caractérise les libertariens. Cette insistance sur la coordination des actions individuelles vient de ce que l’ordre social ou l’harmonie sociale par définition est un état où tous les individus réalisent leurs anticipations. C’est donc le problème social central par excellence. En cela les économistes libertariens se séparent profondément de la tradition néoclassique au sens où celle-ci use massivement de l’optimisation et du calcul économique et voit l’harmonie sociale dans la maximisation d’une fonction d’utilité collective. En cela les libertariens suivent une tradition classique en économie qui remonte à sa création. Les économistes français Qesnay , Pierre Du Pont de Nemours (des physiocrates dont le nom vient du grec Physis qui veut dire nature et Kratos qui veut dire règle) et Turgot inventent et développent une économie politique fondée sur les droits naturels de l’homme et la Règle de Droit (contrairement aux anglais qui vont développer une économie politique fondée sur l’utilité et l’utilitarisme de J.Bentham . Les économistes néoclassiques sont les fils de cet utilitarisme). Les Ecossais à peu près à la même époque avec A.Ferguson, A.Smith, D.Hume inventent et développent l’idée du marché comme ordre spontané. Cette combinaison entre les deux courants donne aux économistes libertariens leur spécificité. Ils aiment toujours rappeler la phrase célèbre : “Laissez- nous faire, laissez-nous passer. Le monde va de lui-même” Cette phrase légendaire aurait été prononcée par des marchands en réponse à une interrogation de Louis XV qui leur demandait en quoi il pouvait les aider.
En fait cette primauté est le fruit d’une réflexion et d’un débat scientifique fondamental et encore aujourd’hui ignorée par le courant dominant néoclassique sur l’impossibilité de coordonner les actions des individus aux buts multiples et souvent contradictoires, parfois même inconnus d’eux, par une procédure de planification (ou d’interventions) centralisée ou décentralisée. Car paradoxalement seul l’ordre spontané du marché fondé sur les droits de propriété et leur échange volontaire serait capable de générer les incitations, les informations et les connaissances tacites nécessaires à la coordination centralisée des actions des individus. Cette impossibilité de planifier de manière externe -centralisée ou décentralisée- la coordination des actions individuelles explique l’importance accordée par les libéraux et les libertariens aux solutions de marché. Ils ne sont pas en faveur de ces solutions par goût ou par intérêt, mais après une réflexion sur le problème central de la dispersion des connaissances dans un monde où l’ignorance est fondamentale et où les finalités sont multiples, contradictoires et ouvertes.
Une éthique
La reconnaissance de l’antériorité de l’éthique dans la défense du libéralisme est une caractéristique propre aux libertariens. En cela le libertarien diffère du classique libéral. Leur justification du capitalisme de “laissez faire” vient du fait qu’il s’agit du seul système économique compatible avec l’éthique libertarienne et non pas de la supériorité du capitalisme à générer des richesses plus que n’importe quel autre système économique. En effet, une grande fraction des libéraux classiques ont une approche conséquencialiste de la liberté. En revanche, les libertariens ont une approche déontologique ou téléologique de la liberté.
Bien qu’il existe plusieurs façons de justifier le concept de “propriété de soi” parmi les libertariens, ce qui explique les variétés de “libertariannisme”, le fait de fonder une éthique sur ce concept de droit de propriété sur soi va impliquer non seulement une certaine façon de juger du bien et du mal mais aussi une façon de revenir à une forme contemporaine du Droit naturel moderne par opposition au Droit positif qui a donné naissance à l’incohérence du Droit contemporain produit par le législateur et professé dans nos universités.
Est mal tout acte commis individuellement ou en groupe qui viole la propriété des individus sur eux-mêmes ou leur liberté contractuelle. On définit simultanément le crime de la même manière. L’auteur d’un crime est coupable d’avoir privé sa victime de ses droits. Ce qui implique, s’il y a dommage, de réparer le préjudice commis. Comme le droit de propriété sur soi implique le principe de légitime défense, c’est-à-dire le droit (mais non l’obligation) de défendre sa personne et sa propriété légitime contre un agresseur, la victime a le droit de résister à l’agression et d’imposer à l’agresseur une réparation pour le tort causé. Cela s’adresse aussi, en se référant à l’article 2 de la déclaration des droits de l’homme, à tous les hommes de l’Etat qui au lieu de protéger les droits de propriété et la liberté des individus les violent. C’est en cela que les libertariens sont des révolutionnaires car ils appliquent aux hommes de l’Etat les mêmes lois ou le même Droit au nom du principe de l’universalité de la morale qui se traduit par l’égalité des individus devant le Droit naturel. Les hommes de l’Etat ne peuvent se mettre hors la loi naturelle qui s’impose à tous de manière égale.
Prenons un exemple : la liberté de circuler. Les écologistes veulent chasser les voitures des centres villes au profit des bicyclettes ou des piétons, les prostituées, les marchands ambulants, les mendiants veulent utiliser les trottoirs et les rues pour faire leurs affaires et gagner de l’argent. Les riverains veulent utiliser la rue pour les besoins de leurs chiens. Les camions veulent desservir les commerçants, les commerçants envahissent les trottoirs pour y installer des chaises et des tables pour vendre des boissons ou offrir des repas. Les publicitaires veulent utiliser ces espaces pour vanter la stature tranquille d’un homme politique ou les charmes d’Ulla 36 15, les syndicats qui cherchent un privilège ou à maintenir des privilèges acquis désirent utiliser la rue pour organiser une manifestation afin de faire pression sur l’homme politique, les homosexuels veulent organiser un défilé, les partisans de la techno un carnaval, en un mot la rue est devenue une source permanente de conflits entre tout ce petit monde chacun cherchant à tirer un maximum de profit de cette pâture commune. On voit même des ministres décider unilatéralement de fermer les rues pour privilégier certains utilisateurs au détriment d’autres utilisateurs sans que personne ne bronche ! Pourquoi en est-il ainsi parce qu’il existe soi-disant un droit à circuler !
Dans un droit libertarien, le droit de circuler librement s’applique et se limite à la propriété de l’individu ou à celles dont le propriétaire vous prête l’usage. Le droit des automobilistes de circuler est soumis à l’accord des propriétaires des rues : les riverains ou les commerçants qui auront acheté la rue et non pas aux élucubrations d’un ministre du transport ou de l’écologie qui interdit l’usage de la rue sous divers prétextes au détriment des automobilistes pour favoriser des cyclistes ou des piétons ou des riverains qui sont tout heureux de l’aubaine. Si les rues étaient privées, les décisions reviendraient aux propriétaires de chacune, et les divers propriétaires seraient incités à trouver l’usage de la rue le plus profitable pour eux. Ils seraient incités à répondre de manière variée aux demandes des diverses clientèles : piétons, cyclistes, automobilistes, vendeurs de rues, manifestants, chanteurs de rue, mendiants etc.
Une économie politique
Le capitalisme de “laissez faire” est le credo des libertariens.. Les maîtres mots sont : privatisation et concurrence. La particularité des libertariens ou des anarcho-capitalistes contrairement aux libéraux, c’est que ces deux mots s’appliquent non seulement aux services publics à la française mais aussi à toutes les fonctions régaliennes de l’Etat : Justice, monnaie, police, diplomatie, défense. Ils sont pour la suppression de l’impôt (remplacé par une cotisation volontaire ou un paiement pour service rendu et non pas promis et jamais rendu) et de toutes les réglementations ou lois qui violent les libertés de contracter ou les droits de propriété. Ils sont pour l’extension de l’appropriation privée aux domaines les plus divers en particulier à l’environnement et au corps humain. Ils sont pour la mise en concurrence des Etats via un fédéralisme impliquant la liberté de faire sécession, individuellement ou en groupe, comme du droit fondamental d’ignorer l’Etat. Là encore ils appliquent leur morale : celle du principe du consentement et de la non-violation du droit de propriété sur soi. Ils n’auraient rien contre un Etat similaire à celui que l’on connaît s’il pouvait émerger spontanément du consentement des individus. Ce n’est pas le cas. C’est pour cela qu’ils sont en faveur de règles procédurales ou de méta règles procédurales pour faire en sorte d’être sûr que tous consentent au monopole de la violence sur un territoire et/ ou à l’impôt.
Comme les libertariens non pas une vision angélique de l’Etat, à l’inverse des néoclassiques et aussi des libéraux classiques, ils préfèrent de loin des règles de Droit qui assurent du consentement individuel : droit de divorcer de l’Etat, de faire sécession individuelle, droit d’ignorer l’Etat (ce qui implique une charte des droits individuels et de pouvoir enfin vivre sans papiers) droit de faire la révolution ou de résister à l’oppression fiscale. Comme on ne délègue pas sa protection de façon ultime à des tiers qui peuvent être malveillants cela implique aussi le droit de détenir et de porter des armes. Cela veut dire aussi le droit d’entrer en compétition avec les Etats et donc le droit de faire sécession territoriale comme de “marier” son territoire avec d’autres Etats partageant les mêmes valeurs.
Leur vision favorite de l’Etat du futur XXI siècle est celui de la copropriété privée ou des villes privées formant des ligues, des fédérations et des associations entre elles de manière à résoudre les problèmes communs ou les conflits qu’elles peuvent avoir entre elles. C’est ce que l’on appelle le Nouveau Fédéralisme.
LES COURANTS DU LIBÉRALISME
Il y a grossièrement des libéraux conservateurs qui prônent un ‘Etat minimal fort et un capitalisme de “Laissez-faire” mais qui ont une attitude contradictoire vis-à-vis des usages du corps humain où ils refusent l’appropriation des corps par leur occupant. Dieu est encore leur maître. Un libertarien par définition est propriétaire de lui-même et veut abolir toutes les agressions contre cette propriété que celles-ci viennent de l’Etat ou de la société civile. Il est donc pour un Etat zéro au sens où l’Etat tel que le conçoit un libéral conservateur et a fortiori des socialistes et autres “partageux” repose toujours sur l’agression de la propriété de l’individu sur lui-même. Si les libéraux conservateurs respectaient ce principe il n’y aurait pas de différence entre eux. Les libéraux conservateurs font reposer leurs analyses conséquencialistes sur une vision angélique de l’Etat.
Une manière de classer les libéraux entre eux mais aussi de situer les libertariens consiste à faire la distinction entre les intellectuels rationalistes et les anti-rationalistes puis entre ceux qui adhérent à une morale conséquencialiste ou téléologique dans leur approche du concept de liberté par opposition à ceux qui sont partisans d’une approche éthique en termes de déontologie du même concept.
La tradition de A. Smith, B. Mandeville, F Hayek est anti-rationaliste mais conséquencialiste. Anti-rationaliste veut dire ici que l’on ne peut façonner la société à partir d’un raisonnement ou d’une rationalité à priori. C’est l’anti-constructivisme. Conséquencialisme veut dire que la liberté ou l’absence de coercition est justifiée par ses conséquences “bonnes” pour l’ensemble de la collectivité. Pour les libertariens radicaux une telle position peut tout à fait justifier non seulement un Etat minimal mais aussi maximal si l’on peut démontrer par le raisonnement ou l’expérience que les conséquences de l’usage de la coercition, même sans le consentement des individus, sont bonnes dans les circonstances présentes : la guerre par exemple dont on sait qu’elle joue un rôle fondamental dans la croissance et la concentration du pouvoir des Etats dans les mains de quelques-uns.
Ainsi il y a des libéraux classiques qui sont :
a) Utilitariste. C’est l’école de Chicago ou de l’école autrichienne : Friedman, père et fils, Mises, Kirzner. Ces auteurs ne croient pas à des valeurs intrinsèques. Ils justifient souvent les libertés individuelles par leurs conséquences favorables. Ils ne se prononcent pas sur les buts ultimes des individus. Ils se prononcent sur les moyens. Les droits de propriété privée et leur échange volontaire améliorent l’utilité de tous sans diminuer l’utilité de quelqu’un, ils sont donc adoptés parce qu’ils sont efficients au sens de Pareto. S’ils ne le sont pas en fonction de ce critère ils le sont parce qu’il s’agit de la meilleure façon de résoudre le problème fondamental de la dispersion des connaissances qui fait obstacles à la coordination des actions individuelles.
b) Droit naturel moderne et anti -rationaliste . . L’Anti-rationalisme et le conséquencialisme se conjuguent chez les partisans du prix Nobel Hayek. Les coutumes, les conventions, les traditions émergent spontanément de l’interaction individuelle par un processus de sélection naturelle. Ces règles et conventions contiennent plus d’informations que ne peut en découvrir et contenir un cerveau humain. Les respecter constitue un meilleur guide des actions individuelles que de compter sur sa propre rationalité pour prendre des décisions. Ainsi le droit de propriété sur soi et la liberté individuelle, qui émerge spontanément de l’interaction individuelle, sont sélectionnés par la nature parce qu’ils permettent de développer une société ouverte mieux que tout autre type d’institution.
c) Contractualiste. C’est l’école dit du “public choice”. Les droits de propriété privée émergent à la suite d’un contrat social. Celui-ci définit les règles par lesquelles sont distribués les droits et les obligations de chacun. Ce courant est anti-rationaliste et conséquencialiste. Le contrat social est justifié par les conséquences négatives d’une société où le monopole de la violence sur un territoire n’existerait pas. Ces auteurs sont souvent hobbésiens et s’opposent aux libertariens qui sont lockéens.
Les libertariens sont plutôt des rationalistes et (exception faite de David Friedman qui est plutôt un utilitariste) adhèrent à des positions éthiques qui sont ancrées dans la déontologie kantienne ou dans la téléologie aristotélicienne. Les droits individuels et donc le droit de propriété sur soi sont issus de la possession naturelle de soi. Ces droits de propriété privés sont des contraintes absolues. Il existe deux versions différentes de la philosophie des droits individuels : celle où le droit de propriété sur soi est fondée sur une éthique téléologique ou objective à la manière de la romancière et philosophe Ayn Rand (c’est aussi ce qu’utilise M.Rothbard pour développer son éthique de la liberté) et celle du philosophe R. Nozick où le droit est fondé sur une déontologie kantienne où chaque individu es considéré comme une fin en soi et ne pas être utiliser comme un moyen pour arriver à ses propres fins sans son consentement.
On peut brièvement positionner le courant libertarien “pur” parmi les autres courants de pensée avec le tableau suivant.
cliquez ici pour voir le tableau
(propos tenus lors d’un entretien avec Marc Grunert du Cercle HAYEK de Strasbourg)
marcgrunert@aol.com source Lycos
Quels conseils pouvez-vous donner aux jeunes libéraux ?
(Ici cela concernait les libéraux de DL)
C’est une excellente question. Elle est difficile pour deux raisons :
1) parce que parmi les militants de DL il y a beaucoup de jeunes dont le cerveau est déjà structuré par leur éducation préalable pour être d’authentiques socialistes ou néo-conservateurs. Il est toujours plus difficile de se débarrasser de mauvais réflexes mentaux que d’en acquérir de nouveaux. Il y a donc un effort considérable à fournir pour former les jeunes de DL à la pensée libérale ou libertarienne et aussi à l’art de débattre et de persuader les autres. Séminaires intensifs et /ou cours du soir sont indispensables. Ensuite il faut ne pas hésiter à titiller les aînés pour les pousser dans leur retranchement et leur dévoiler leurs faiblesses intellectuelles et leurs contradictions. Il faut faire la conquête intellectuelle de DL. Il faut que les cadres et les militants de ce parti deviennent d’authentiques libéraux ou libertariens ils le deviendront s’ils sont poussés par les jeunes et si les jeunes de DL le sont..
2) Parce que les jeunes DL n’ont pas une vision claire d’une stratégie de passage à une société de liberté. L’objectif est d’atteindre une société civilisée où le droit de propriété sur soi fonde l’interaction individuelle et l’ordre social.
Comment alors passer de la situation d’une société étatique où les libertés individuelles sont bafouées à une société sans Etat, civilisée donc, où les libertés individuelles sont respectées? C’est l’objet du dernier chapitre de l’Ethique de la liberté de M.Rothbard[1]. On peut rappeler que l’objectif principal des jeunes de DL devrait être, s’ils étaient véritablement libertariens, la suppression immédiate des agressions contre la liberté individuelle. On remarquera que cet objectif est fondamentalement “abolitionniste”. C’est d’ailleurs pour cela que l’Etat tel qu’on le connaît est réduit à zéro parce qu’il est fondé sur un principe d’agression des libertés individuelles ou de la libre disposition de son corps.
Trois principes devraient guider leurs actions dans ce processus de transition :
1) maintenir l’objectif de la suppression radicale des agressions contre les liberté individuelles.le processus de transition doit être de nature tel qu’on ne peut commettre des actions, implicitement ou explicitement, qui reviennent à une agression contre les libertés individuelles. Cependant comme les factions politiques violent les libertés individuelles, elles se comportent comme des hors la loi, il est donc du devoir de chacun de résister à ces violations par la force, c’est la légitime défense.
2) La légitime défense, du fait du deuxième principe, implique d’user de moyens qui ne reviennent pas à commettre une agression contre des tiers innocents.
3) Une fois les principes mis en avant il doit exister une stratégie correcte d’une transition vers une société libre et civilisée. C’est à cette découverte que devraient tendre les jeunes de DL. Ils devraient normalement constituer un “groupe d’avant garde révolutionnaire ” pour revendiquer et mettre en oeuvre l’abolition de toutes les agressions contre les libertés individuelles.
Bertrand Lemennicier
[1] Rothbard Murray, 1981 The Ethics of Liberty, Humanity Press.
AL’ain GENESTINE – Vice Président d’Alternative Libérale