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KUB3 s’est posé un instant avec l’un des groupes émergents les plus chauds de New York City, pour revenir sur leur formation, parler de leurs nouveaux titres, de sexe et de ce que l’avenir leur réserve.
Lise – Vous pourriez vous présentez et nous raconter un peu ce que chacun fait dans le groupe ?
Angie Ripe – Je m’appelle Angie Ripe et je suis la chanteuse du groupe Menya.
Lise – Et toi Nicky ?
Coco Dame – Moi, c’est Coco Dame. Il y a quelques années Richard et moi on est allés à un concert gratuit de MIA. Et puis Kool Kids était sur la liste, et Santogold, et Spankrock… et c’est en gros comme ça qu’on s’est décidé. Richard m’a fait découvrir un peu plus ce genre de musique. Alors il m’a donné une chanson et… ah non merde, on en n’est pas encore à cette question !
Lise – Pas grave !
Angie Ripe – [En riant] Merde, Nicky !
Lise – Ok, donc en gros Nicky et Richard, vous vous êtes rencontrés et vous êtes allés à un concert ensemble?
Coco Dame – Ouais.
Angie Ripe – Ouais, et j’étais là aussi mais je ne faisais pas encore partie du groupe. Nicky et Richard ont commencé à faire de la musique ensemble. Et c’est après que je suis arrivée. C’était y a combien de temps Nicky?
Coco Dame – 2007.
Angie Ripe – Oh ! C’était y a si longtemps que ça ?
Lise – Oui, votre premier EP, The Ol Reach Around, date déjà de Mai 2008 !
Coco Dame – Angie était aussi une de mes meilleurs amies, donc c’était plutôt cool de la voir chanter et s’intégrer dans quelque chose que je faisais déjà. J’ai l’impression que grâce à elle le groupe est vraiment complet. Maintenant on est tous les trois.
Angie Ripe – Partners in crime !
Lise – Et alors, comment en êtes-vous arrivés à cette fusion entre hip-hop, électro et pop, pour reprendre la description de Menya sur votre Myspace ?
Angie Ripe – Moi je suis plutôt du côté pop. Nicky tu veux répondre ?
Coco Dame – Je pense que, chacun à sa manière, on est tous fans de pop. On a tous un amour certain pour la musique pop des années 90. Moi, j’écoute depuis longtemps de l’électro, et des groupes qui mélangeaient déjà hip-hop et électro à l’époque. J’ai aussi écouté du hip-hop et du rap toute ma vie, et ça a toujours fait partie de ma playlist. Richard était aussi vachement dans le hip-hop, mais à un autre niveau, plus du point de vue d’un producteur.
Lise - Donc vous considérez que vous avez beaucoup été influencés par la pop des années 90 et le hip-hop ?
Angie Ripe – Ouais enfin la pop et la fin des années 60, l’ère psychédélique. Ça et la pop de Britney Spears, c’est l’essentiel me concernant. Et Nicky est vraiment celle qui apporte la touche hip-hop. Je pense que Richard aussi, mais au niveau des concerts c’est vraiment Nicky qui fait monter le hip-hop sur scène.
Lise – Comment vous y prenez-vous pour écrire une chanson ? Vous vous asseyez pour en discuter, vous improvisez, vous vous basez sur quelque chose qui s’est passé dans votre vie… ?
Angie Ripe – En fait généralement Richard nous donne une série de beats sur lesquels il a bossé, et on travaille chacun de notre côté. Après, Nicky et moi on se retrouve et on bosse dessus, et pour finir on s’y met à trois. Mais au départ on travaille vraiment chacun de notre côté.
Coco Dame – Je me souviens que pour Lonely, lonely et Oh j’avais les paroles et les mélodies en tête, mais c’était pas encore très étoffé. Donc ouais y a quelques bouts de chanson qui sont déjà écrits. Mais des fois ça marche mieux quand on a juste envie de déconner et que c’est pris sur le vif.
Lise – Quand vous écrivez des chansons vos textes sont assez provocateurs. Vos paroles ont pu être qualifiées de “salaces”, “ultra provocatrices”, “obscènes”…
Angie Ripe – “salaces”, ça me plaît !
Lise – Mais en même temps vous traitez de sujets assez sensibles comme les relations amoureuses, l’orientation sexuelle, et le sexe en générale. Comment gérez-vous l’équilibre entre les deux ? Avez-vous le sentiment de jouer sur la provocation pour faire passer votre message ?
Angie ripe – Je dis des trucs salaces même quand il ne s’agit pas de musique. Je sais pas, j’ai pas l’impression que ce soit tabou.
Coco Dame – Ouais je suis d’accord. Y a des fois où je me demande “Est-ce qu’on devrait dire ça ou pas ?”, mais au final c’est toujours : “Allez, on le dit !”. Et je trouve ça bien, c’est plus stimulant. Les gens le perçoivent peut-être différemment, mais c’est plus stimulant pour nous d’en faire plus que de simples insultes.
Angie Ripe – Ouais, on fait en sorte que ça ne soit jamais gratuit.
Coco Dame – Par exemple, dans “Bitch, come and get it”, ça tient plus de la moquerie ou de la caricature. C’est une sorte de satire.
Lise – En parlant de sexe, quelques groupes connus comme Gossip ou Placebo jouent sur le fait que des orientations sexuelles différentes y sont représentées. Placebo se présente même ouvertement comme un groupe comprenant un bisexuel, un homosexuel et un hétérosexuel.
Angie Ripe – Ouais j’ai entendu parler de ça. C’est cool !
Lise – Nicky, toi qui es une chanteuse lesbienne et qui le revendiques, tu penses quoi de ces groupes mettant en avant leur sexualité ?
Coco Dame – Je pense que c’est un choix personnel. Mais je pense que c’est cool parce que, de la même manière que quelqu’un d’hétéro écrirait une chanson sur le sexe opposé, c’est aussi important et ça devrait être aussi naturel pour quelqu’un qui se considère gay, lesbienne ou transgenre de parler de ce genre de choses aussi. Je me souviens qu’un mec est venu me voir après notre premier concert dans une autre ville, et m’a dit un truc du genre “Oh je savais pas que t’étais comme ça”, c’est-à-dire que j’étais gay. Il était en gros en train de me dire qu’il aurait jamais imaginé aller à un concert de ce genre. Je suppose qu’il était déjà sur place, en train de se boire une bière et qu’il voulait pas partir, il a entendu une chanson qui lui plaisait et il est resté. C’était pas vraiment un compliment, mais c’est sans doute la première fois que j’ai réalisé à quel point c’était important d’être ouvert en ce qui concerne la sexualité. Et je pense que ça ne fait de mal à personne.
Lise – Récemment, Menya a sorti trois titres : une réponse à Don’t Trust Me de 3Oh!3 [voir ci-dessous], une reprise de White Houses de Vanessa Carlton, et un détournement de I Do Not Hook Up, de Kelly Clarkson, rebaptisée (So What) I Hook Up. Ces chansons sont géniales, comment vous sont venues les idées ?
Angie Ripe – Honnêtement, Nicky et moi on n’était pas super motivées et on disait : “Richard, on n’aime pas ce genre de chansons”. Depuis le début Richard nous répétait : “Vous devriez faire une reprise de Don’t Trust Me de 3Oh!3″. Je l’avais jamais entendue mais je détestais ces crétins maigrichons. Et puis on a un peu oublié nos préjugés, on a réécrit les chansons, et finalement on a grave pris notre pied à les faire !
Coco Dame – Ouais, d’ailleurs Richard a planché sur la reprise White Houses tout seul.
Angie Ripe – Et il nous a trop tuées !
Coco Dame – Il nous a dit : “Je vais faire une reprise de Vanessa Carlton”, nous on était genre “Ok”. Et puis il a dit qu’il avait déjà écrit les chants et on a fait “Ok”.
Angie Ripe – Non moi j’ai dit : “Richard, je chante pas là-dessus. J’aime pas Vanessa Carlton”. Mais il me l’a joué, et je me suis dit “Merde, c’est génial !”.
Lise – Et vous avez eu une réaction très positive du magazine “Rolling Stone” pour votre détournement (So What) I hook Up. Vous avez également reçu une reconnaissance enthousiaste du quotidien britannique “The Guardian”. Ça vous fait quoi d’être reconnus par de telles institutions ?
Angie Ripe – C’est incroyable ! C’est tout ce que j’ai toujours voulu. J’arrive pas à croire qu’ils ont pris de leur temps pour écrire sur nous.
Coco Dame – Moi j’étais complètement retournée. Je me suis dit : “C’est énorme !”.
Angie Ripe – Ouais et quand j’ai vu Rolling Stone j’étais genre “Arrête, tu déconnes !”. Et y avait personne chez moi, j’étais en train de courir partout en me disant “A qui je peux en parler ?”, mais j’étais toute seule !
Coco Dame – J’y pense pas tous les jours. Je l’oublie et je pense que c’est une bonne chose. C’est vraiment important, mais c’est en même temps pas si important que ça. On n’est pas encore très connus, et on espère bien changer ça. Mais c’est vrai qu’on apprécie qu’ils nous reconnaissent et prennent le temps d’écrire sur notre groupe. C’est très très cool ! Je veux pas minimiser ou exagérer tout ça, mais…
Angie Ripe – Je pense que ça nous donne surtout de la motivation pour continuer.
Coco Dame – Ouais ça nous encourage vraiment à faire plus.
Angie Ripe – Et à bosser encore plus.
Lise – Comment vous voyez le futur de Menya ?
Angie Ripe – Avec un peu de chance on signera sur un label qu’on aime. C’est ce qu’on veut faire. C’est tout ce qu’on veut faire.
Coco Dame – Mais notre objectif principal, c’est de continuer à enrichir notre univers. On apprend beaucoup et je pense que si on avait signé sur un label l’année dernière ça aurait été une erreur. Chaque chose en son temps. On verra ce qui va se passer. On va peut-être faire un tournée. Et on va faire plus de marketing pour notre mix tape.
Lise – Vous avez l’intention jouer à l’étranger un de ces jours ?
Angie Ripe – Carrément !
Coco Dame – On rêve d’aller à l’étranger !
Lise – Et bien je sais déjà qu’il y a quelques personnes en France qui seront ravies de vous voir !
La nouvelle mix tape de Menya sort le 2 octobre.
Interview réalisée le 17.09.09 par Lise. Traduction réalisée par Olivier & Arthur.
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