Journées du Patrimoine : les raisons du succès

Publié le 20 septembre 2009 par Yvesd

Le Patrimoine c’est comme l’Europe ou la Femme : ça a ses journées. Son week-end même. Faut dire aussi que, sans verser dans l’europhobie ou la misogynie, ça mobilise quand même plus les foules que les causes précitées. Du coup faut au moins tout un week-end pour satisfaire l’appétit des aficionados.

De fait, cela fait plusieurs années que Josette se pomponne et que Marcel s’endimanche pour l’occasion, pour aller faire la queue à l’entrée de l’Elysée dans l’espoir d’apercevoir, ne serait-ce que fugitivement et au détour d’un corridor républicain, la gracieuse silhouette de Carla.

Cette année ils avaient soigneusement préparé leur week-end. Du coup ils sont parvenus à « faire » les deux : l’Elysée et le Crazy Horse. Ca c’est du stakhanovisme patrimonial ; l’année prochaine ils feront toujours l’Elysée et peut être aussi l’Alcazar. Rive droite rive gauche : ça c’est de l’éclectisme culturel, « Restons Correct ! » les félicite d’avance.

N’allez pas en déduire hâtivement que cet engouement populaire pour les vieilles pierres et leurs illustres locataires soit la marque d’un affligeant passéisme plébéien ou le symptôme d’une inquiétante soumission aux pompes étatiques et à leurs dorures à la feuille. Ce serait une grave erreur d’interprétation.

Les Journées du Patrimoine sont d’abord une sortie gratuite qui change les gosses d’Eurodisney. Pendant qu’ils font la queue aux portes des palais officiels avec papy et mamie, ils ne font pas de conneries sur les manèges. Tous les parents qui ont expérimenté le truc vous le diront : ça vaut largement le coup de se priver de sa (vraie) galette-saucisse dominicale et de poireauter des heures debout, au milieu d’une horde de touristes chinois.

En plus, cerise sur le pudding patrimonial, ça vous vide les musées parisiens aussi surement qu’une présomption de grippe A un collège de banlieue. Ce sont donc des journées rêvées pour aller admirer tranquillement la tête de Jayavarman VII au musée Guimet (salles « Cambodge » du rez de chaussée, juste en entrant).