Buzzer, anglicisme pour vibrer, faire du bruit, se rendre visible à toute vitesse et partout (ou presque) sur Internet, puis en dehors, relayé dans les médias traditionnels et surtout, in fine, décrocher un emploi.
Certains ont enlevé le haut, le bas (les deux), se sont affichés sur les écrans (virtuels ou non, d'ailleurs), sur des sets de tables, des plans de bus, d'autres ont transformé Twitter en CV, ont crée des vidéos, des dessins, des formules, distribué des tracts, mené campagne. D'autres enfin se sont même mis en vente - en tout ou partie - ou ont offert de l'argent à qui les embaucherait.
Certains s'y sont cassés les dents, d'autres ont finalement réussi (avec brio), mais, ce n'est pas là-dessus que je souhaite insister dans ce billet.
Non, la question que je me pose à chaque fois, c'est pourquoi? Pourquoi aujourd'hui certains doivent en passer par là pour - espérer - trouver un emploi? Ou, pour ceux qui ne passent pas à l'acte, pourquoi cette - éventuelle - tentation?
Et ne me répondez pas "c'est la faute à Internet": la vitesse de propagation, la facilité d'utilisation. Non, d'abord, ne "buzze" pas qui veut. Ensuite même si ce média est là, à portée de buzz, c'est plutôt la cause qu'il faut regarder.
Sur cette plateforme de chercheurs d'emplois, vous pouvez - tous les jours - suivre les itinéraires des uns et des autres. Les recherches, les rendez-vous, les espoirs, les tentatives pour s'en sortir, les vagues à l'âme même parfois - contenus, souvent, pour faire bonne figure -, les démêlés administratifs (ah, le Pôle emploi ou les banques!), les énièmes CV envoyés, les énièmes réponses négatives, les belles compétences qui ne demandent qu'à s'exprimer, les "ça a failli se faire" (mais, pas de budget, manque ceci, manque cela, pas grand chose), les "j'ai du payer mon billet de train pour aller à l'entretien, mais le poste était déjà pourvu", les "j'ai refait mon CV, mais ils ne m'ont même pas répondu", les "je suis trop jeune ou "je suis trop vieux"...
Certains déploient des trésors d'ingéniosité, d'énergie, d'adaptation. Beaucoup ne baissent pas les bras, se bagarrent, rebondissent, se forment, entreprennent, se rassemblent, essaient, se lancent... Mais, la période est, disons, ingrate. Même si certaines entreprises embauchent, beaucoup sont arqueboutés sur leurs postes - j'en connais qui adoptent une sorte de philosophie du "laisser-faire": ils travaillent sans conviction, pas très à l'aise, mais n'osent pas bouger. D'autres - je pense à des jeunes diplômés type BAC + 5 et parfois plus - n'arrivent pas à s'extraire de postes sous dimensionnés et sous payés: "Vous manquez d'expérience mademoiselle". "Oui, mais les stages de six mois là?..." " Ah! non, ce sont des stages, voyons".
Comme si, il y avait un manque de confiance, un déficit de "laissons lui tenter sa chance".
Oui, quand dehors se pressent au portillon une centaine d'autres candidatures, quand la concurrence est rude, les budgets serrés: pourquoi prendre un risque?
Que certains alors tentent "le tout pour le tout", ne m'étonne pas. Même si tous ceux qui se lancent dans le "buzz à tout prix" ne le font pas nécessairement sur ces bases, et sans même parler des contraintes financières, il y a souvent de ce constat: laisser moi tenter ma chance, regardez-moi et, peut-être - aussi - j'existe, tout simplement.
Ne les jugez pas trop vite même si vous êtes en désaccord. A ceux qui se lancent dans l'aventure, je dirai qu'il vaut mieux avoir un certain talent sous peine d'y perdre beaucoup d'énergie et d'y gagner peu de crédibilité.
Préférez, si vous le pouvez, la construction et le long terme. L'échange et les relations avec ceux qui, peut-être, un jour vous aideront. Je sais que parfois "on n'en peut plus", mais... Sur Internet vous trouverez aussi des collaborations, des échanges plus discrets, des personnes qui peuvent vous aider, vous conseiller, vous donner un avis qui vous aidera à progresser. Ça n'est pas "qu'un" lieu tapageur et (trop) rapide, loin de là...
Alors, bonne chance à tous ceux qui veulent "décrocher un job", et s'y emploient, chaque jour, avec ou sans buzz.
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Illustration 1 - Photo Babylone sur Casafree - Illustration 2: Photo Aleksandre Ugorenkov - copyright photoXpress.