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ECONOMIE - Un ex-syndicaliste à l'Industrie, un vieux pourfendeur du “capitalisme débridé” aux Services financiers, un vétéran de 77 ans aux Finances : l'équipe économique du nouveau Premier ministre japonais Yukio Hatoyama apparaît clairement marquée à gauche.
Le nouveau minsitre des Finances Fujii, qui a travaillé 23 ans au Trésor et a déjà été ministre des Finances dans les années 1990, a vraisemblablement été choisi pour sa connaissance de la puissante bureaucratie nippone, que M. Hatoyama a juré de mettre au pas. Il devrait ainsi jouer le rôle d'intermédiaire.
La nomination la plus surprenante a été celle de Shizuka Kamei, 72 ans, au portefeuille des Services financiers et postaux. Ancien policier antiterroriste chargé de traquer l'Armée rouge japonaise, M. Kamei est aussi un admirateur de la Révolution cubaine et un pourfendeur du “capitalisme débridé mené par les Etats-Unis”. Il sera le grand régulateur des banques au Japon, et il est en outre fortement opposé à la privatisation de la Poste.
“Je ferai tout mon possible pour reconstruire le Japon, qui a été ruiné par les fondamentalistes du marché”, a affirmé M. Kamei après sa nomination, ajoutant qu'il envisageait un moratoire de trois ou quatre ans sur le remboursement des dettes des petites entreprises.
Son arrivée au gouvernement “marque le rejet des années Koizumi. Mais l'arrêt de la privatisation de la poste est aussi quelque chose pour laquelle l'aile gauche du PDJ milite avec ferveur”, explique Mme Hama, économiste à la Doshisha Business School de Kyoto.
Le PDJ a prévu d'augmenter les aides aux familles, de relever le salaire minimum et de lutter contre la précarité. Autant de mesures, espère-t-il, qui encourageront les Japonais à consommer et doperont la croissance.
Le Premier ministre qui rejette le “fondamentalisme de marché” pourrait aussi s'associer aux appels à la régulation des marchés financiers lancés par les dirigeants européens.
DIPLOMATIE - En marge des sommets, M. Hatoyama rencontrera M. Obama, un tête à tête attendu après les velléités d'indépendance affichées par les nouveaux dirigeants du Japon vis-à-vis de l'allié américain.
Le PDJ souhaite revoir les conditions de la présence des Etats-Unis dans l'archipel, où 47.000 soldats américains sont stationnés. Il a en outre promis d'arrêter une mission d'aide logistique à la coalition militaire internationale engagée en Afghanistan, un terrain pourtant jugé prioritaire par M. Obama.
“Je veux construire une relation de confiance avec M. Obama”, a tenu à souligner M. Hatoyama, ajoutant toutefois vouloir “débattre sincèrement” avec lui.
Lors de sa rencontre avec le président chinois Hu Jintao, qui participe également à la série de sommets aux Etats-Unis, il devrait insister sur sa vision d'une “communauté asiatique”, inspirée du modèle de l'UE, afin d'apaiser les tensions persistantes liées aux conquêtes japonaises en Asie dans la première moitié du XXe siècle.