L’Afrique dit non à l’homéopathie

Publié le 20 septembre 2009 par Raymond Viger

L’Afrique dit non à l’homéopathie

Pascal Lapointe

(Agence Science-Presse) – Saviez-vous qu’il existe des gens qui font la promotion de l’homéopathie en Afrique en prétendant que cela peut guérir… le sida, la tuberculose et la malaria? Il a fallu en arriver là pour que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publie un avis sur cette médecine douteuse.

Dans une lettre adressée à l’OMS le 1er juin, un groupe de jeunes chercheurs et médecins britanniques et africains avait tout d’abord appelé l’organisme international à prendre fermement position, expliquant notamment que «les médecins travaillant dans les régions éloignées et auprès des plus démunis de la planète devaient déjà suffisamment lutter pour recevoir l’aide médicale requise», sans que la promotion de l’homéopathie ne vienne mettre encore plus de vies à risque.

Ce groupe, le Voice of Young Science Network, énumérait dans cette lettre des cas de «cliniques homéopathiques» qui, dans plusieurs pays d’Afrique, assurent qu’elles peuvent guérir le sida, la tuberculose, la malaria, l’influenza et la diarrhée infantile.

Par la voix de cinq experts, l’OMS a publié un avis ferme le 21 août: «nos normes fondées sur la preuve» évacuent l’homéopathie, résume le directeur de l’initiative antituberculose; quant à la division sida de l’OMS, elle «investit des ressources humaines et financières considérables pour assurer un accès à des informations médicales solides et cliniquement prouvées», poursuit le Dr Teguest Guerma; «un grand merci pour [avoir amassé] cette stupéfiante documentation et pour avoir attiré l’attention sur cette question», ajoute le Dr Sergio Spinaci, du programme de lutte contre la malaria.

Les homéopathes sont fâchés

Par la voix de sa directrice, la Société britannique des homéopathes s’estime injustement attaquée. «Ce n’est qu’une autre pauvre tentative pour discréditer l’homéopathie.» Paula Ross est pourtant d’accord pour dire que l’homéopathie ne devrait pas être promue comme traitement contre la tuberculose, la malaria et le sida, mais affirme que des «preuves solides» l’associent à la guérison de la diarrhée infantile. Quelles preuves? Impossible de savoir.

Un congrès «Homéopathie pour les pays en voie de développement» réunissait des représentants de l’industrie homéopathique et des praticiens le 6 juin dernier aux Pays-Bas. L’une de ses vedettes est un nommé Jeremy Sherr qui, en 2008, a affirmé avoir tenu en Tanzanie des essais cliniques pour tenter de guérir le sida par l’homéopathie. Ce qui, si la chose se révélait vraie, irait à l’encontre de toute éthique médicale, et de toute éthique tout court.

Plutôt que de dépenser temps et énergie pour amener en Afrique la trithérapie qui manque cruellement à ces malades, Jeremy Sherr dépense temps et énergie pour y amener de la farine et de l’eau — c’est-à-dire les gélules homéopathiques. On comprend que les jeunes chercheurs et médecins qui tentent d’améliorer le sort de ces populations soient indignés.

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