Difficile de se dire aujourd’hui «de gauche» quand Sarko occupe à lui seul tous les créneaux de l’échiquier politique, de l’extrême droite à la gauche et pique toutes les idées progressistes, en même temps qu’il pratique la politique antisociale la plus féroce depuis la Libération. Vous direz à juste titre qu’il n’est à gauche qu’en paroles – de cela il n’est point avare ! – et que l’ensemble de son œuvre témoigne largement du contraire.
Non moins difficile quand la «gauche de gouvernement», aussi bien de 1981 à 1986, qu’entre 1998 et 1995 et de 1997 à 2002 a toujours fait «le sale boulot» que la droite d’alors hésitait encore à nous infliger… Comment s’étonner ensuite de la prétendue versatilité de l’électorat ? Avec Nicolas Sarkozy, la droite est devenue tellement «décomplexée» qu’elle ose tout…
Il faut également beaucoup de courage pour se dire de gauche et socialiste aujourd’hui quand on voit le triste état du Parti Socialiste ! Je ne pense pas que l’on n’ai jamais atteint un tel fond, sauf lors de l’élection présidentielle de 1969 quand Gaston Defferre avait tout juste dépassé la barre des 5 %…
Je suis en train de lire «Hold-ups, arnaques et trahisons» d’Antonin André et Karim Rissouli que Clio m’a prêté, et c’est franchement consternant !
Non seulement le clan Aubry nous a (mal) proprement volé la victoire mais qui plus est, Martine Aubry, marionnette de la «bande des 4» - Claude Bartolone, Jean-François Cambadelis, Christophe Borgel et François Lamy – totalement «bunkérisée» à Solferino – quand elle y est présente : 2 jours par semaine ! - est actuellement en train de littéralement «casser» le P.S. !
Diviser pour régner : l’élimination des «courants», lieu d’élaboration intellectuelle, est quasi chose faite à l’exception, heureusement, d’«Espoir à Gauche» de Vincent Peillon. Vous y ajoutez des méthodes auto-crates : tout contrôler et gueuler sur tout le monde – une Sarko en jupons ? - Bonjour l’ambiance !
Ce n’est pas son fameux «questionnaire» sur lequel nous devrions voter le 1er octobre qui risque d’améliorer quoique ce soit. Elle nous sort ça de son chapeau tout à trac : un os à ronger pour les militants… des «primaires» sans se soucier du moins du monde d’un programme, d’avoir remis le P.S. en état de marche. Certains pensent qu’elle commence à dérouler le tapis rouge pour DSK…
Au moins, ça me permettra de beaucoup me reposer pendant la future campagne présidentielle : j’adopterai la même stratégie que lui vis à vis de Ségolène Royal en 2007 : traîner les pieds, ne faire que le minimum syndical.
Je n’arrive pas à savoir où j’ai lu que Martine Aubry comptait faire un tour de France des fédérations pour présenter le «PROGRAMME» socialiste… Quel programme ? concocté dans quel cénacle ultra-confidentiel ? Quid des militants ? Triste façon de se foutre une fois de plus de notre gueule. Si c’est ça la «rénovation» du P.S. !
Si au moins l’on pouvait se consoler de tout ce «binz» en espérant que tout cela serve les intérêts de Ségolène Royal et «Désirs d’avenir» ! Mais apparemment cela n’en prend nullement le chemin et ce n’est pas Grakouik – Intox 2007 – qui me démentira…
Mais je suis et reste à gauche envers et contre tout. Ce n’est pas à 62 balais que je vais changer d’orientation. Aussi loin que je me souvienne j’ai toujours été contre les injustices et je me sens à gauche depuis plus de 45 ans.
La gauche, pour moi, c’est d’abord et avant tout la justice sociale. L’égalité mais pas l’égalitarisme à la Lycurgue. Encore que dans ce cas Sparte étant divisée entre nobles et Ilotes (esclaves) l’on ne saurait donc parler d’égalité au sens où nous l’entendons à l’époque moderne. En France depuis la Révolution française : nous naissons tous libres et égaux en droits.
Le principe d’égalité est inscrit dans la Déclaration des Droits de 1789 et au frontispice des monuments de la République. Avec la liberté et la fraternité. Précisément tout ce que Sarko & consorts foulent aux pieds.
Pour moi, c’est «à chacun selon ses moyens» - la contribution aux impôts qui est aujourd’hui totalement dévoyée par les riches qui cherchent à en payer le moins possible, au détriment des autres – et «à chacun selon ses besoins» : il ne s’agit pas «d’assistanat» comme le prétend Nicolas Sarkozy – premier «assisté» de France ! – mais de ce que l’on nomme à juste titre «filet de sécurité» qui permet de palier peu ou prou les inégalités, les maladies et handicaps, la cessation d’activité : chômage ou retraite.
Vous remarquerez que la plupart du temps ces «risques» sont couverts par les organismes de sécurité sociale auxquels nous avons cotisé, de même que les employeurs (de moins en moins aujourd’hui). Nous traiter «d’assistés» relève donc de la calomnie et de l’injure !
Mais nous avons affaire à des «barons voleurs» qui dilapident sans vergogne l’argent des assurés sociaux.
Il reste les personnes qui n’ont pas cotisé mais à qui l’on sert heureusement ! de fort maigres prestations, bien nommées «minima sociaux». Si elles ne peuvent travailler c’est rarement de leur fait. La solidarité nationale est faite pour les aider. Nicolas Sarkozy peut bien les toiser de tout son mépris en les traitant d’assistés. Cela ne le grandit nullement.
S’il avait quelque peu d’intelligence et surtout un cœur à la place du portefeuille et du coffre-fort qui en tiennent lieu, il saurait sans doute qu’il parle de personnes humaines qui ont droit au respect.
L’autre pilier de la justice sociale, ce sont les services publics. Censés assurer à tous l’accès égal à des prestations indispensables : école, santé, communi-cation, fourniture de d’électricité et de gaz, transports, justice, etc… C’est du moins la vision que j’en ai, confortée par le droit administratif et l’école dite «du service public» qui s’est attachée précisément à faire respecter le «principe d’égalité»…
Cette notion ne signifie pas la «gratuité» mais des tarifs calculés – pour tous – de façon à n’être pas rédhibitoires pour les moins nantis. Rien n’interdit au demeurant une modulation de certains tarifs pour tenir compte des revenus. Ce n’est pas pour rien qu’il y a une première classe dans les trains. Le Front populaire, en promouvant les «congés payés» - 15 jours ! – les a assortis de «billets de congés payés» sans lesquels ce serait resté sans nul doute un simple droit sans réalité concrète.
Ni que les abonnements électriques tiennent compte des besoins réels en fonction de la taille du logement et de l’équipement électrique. En outre, l’égalité bien comprise n’est pas uniquement individuelle mais doit être assurée sur l’ensemble du territoire par une «péréquation» permettant que nonobstant les difficultés d’accès – zones éloignées, montagnes, etc… - le courrier ou l’électricité soit distribué aux mêmes tarifs à l’ensemble des usagers.
Ce principe est de plus en plus battu en brèche par l’idéologie de la rentabilisation et le sera davantage avec les privatisations. Il faut beaucoup de perversité pour imaginer privatiser les services publics !
D’autant que cela va absolument contre le bons sens et les leçons de l’Histoire : il faut en effet savoir que la nationalisation des principaux services publics n’a en rien été un parti-pris idéologique mais a répondu à une nécessité devant l’incurie des sociétés privées – gaz, électricité, chemin de fer et même la Banque de France ! – qui n’investissaient pas ni ne parvenaient à assurer la cohésion nécessaire pour répondre à un autre principe essentiel : la continuité du service public.
Je suis persuadée que les mêmes causes provoquant les mêmes conséquences le retour des services publics essentiels dans le giron de l’Etat est inévitable à terme. Maigre consolation car en attendant, nous souffrons !
Le principe doit rester l’égalité. C’est pour cela qu’il y a des «bourses» pour les élèves et les étudiants, des «tarifs sociaux» pour l’électricité ou le téléphone, et que les tarifs des cantines sont souvent fonction des revenus, etc… C’est à l’Etat ou aux collectivités locales de prendre ces aides en charge et non aux fournisseurs de prestations.
Or, aujourd’hui ce principe est battu en brèche. Non seulement depuis environ 25 ans les inégalités de revenus se sont creusées d’une manière faramineuse entre les plus riches et les plus pauvres et les classes moyennes, de plus en plus «prolétarisées» mais «l’usager» a été remplacé par le «client» et le seul souci est la rentabilité maximum et non plus le simple équilibre des comptes : ravages de l’ultralibéralisme.
Etre de gauche c’est aussi un combat. On nous assez enfumés, prétendant que la lutte de classes n’avait plus lieu d’être. Ben voyons ! Elle n’a jamais été plus féroce que depuis 25 ans. Demandez aux patrons du Medef si leur unique but n’est pas l’exploitation maximum. S’ils ont quelque honnêteté, ils l’admettront mais de toutes façons l’ensemble de leurs œuvres témoigne à l’envi que le fameux bien-être des salariés est le cadet de leurs soucis.
Or, le rapport de forces est au centre de la lutte de classes. N’imaginez pas que je sois une excitée prônant la révolution le couteau entre les dents et attendant le «grand soir». Les révolutions sanglantes sont porteuses de trop de tragédies pour les souhaiter et le plus souvent n’ont rien réglé, une classe prenant le pouvoir à la place de celle qu’elle chasse mais le peuple n’y trouve jamais son compte.
Le syndicalisme n’est pas à la hauteur des enjeux. C’est d’abord un phénomène très minoritaire en France et la division syndicale n’arrange rien. Les «appareils» non plus. Ils sont installés et bien souvent peu à l’écoute de la base. Ils ont de surcroît très peur des «mouvements sociaux» en tant qu’ils ne les maîtrisent pas. Surtout quand les grévistes s’unissent dans un «comité de grève» unitaire : syndiqués de toutes les tendances et non-syndiqués.
Je n’ai absolument rien contre le dialogue social, les négociations paritaires, la politique contractuelle. Mais y il faut deux choses : d’une part que tout le monde souhaite parvenir à un accord équilibré et d’autre part que le rapport de forces ne soit pas défavorable aux salariés. Or bien souvent, les syndicats négocient en position de faiblesse, lorsque ce n’est pas «le couteau sous la gorge» pointé par Sarko & consorts.
De surcroît, on a vu le plus souvent les syndicats les plus réformistes et favorables à la politique contractuelle – notamment Force Ouvrière, surtout avec Bergeron et maintenant la CFDT, avec Notat et Chérèque – parapher des accords qui se sont révélés de vrais pièges à cons. Sans nul doute pour préserver leur place d’interlocuteurs privilégiés mais au détriment de toute crédibilité.
Quand je vois Chérèque quasi pleurnicher en voyant les concessions qu’il avait faites sur les retraites balayées par Fillon 1er ministre qui les avait paraphées en tant que ministre des Affaire sociales ! Mais quand on met le petit doigt dans un engrenage, peut-on se plaindre qu’ensuite ce soit le bras jusqu’à l’épaule ? A courber l’échine en même temps qu’on baisse son pantalon il faut s’attendre aux pires outrages.
Ce faisant, j’en suis restée aux arguments purement rationnels. Lesquels sont bien évidemment indispen-sables pour que la réflexion soit fondée. Mais être de gauche va plus loin encore. C’est tout autant un état d’esprit qu’une disposition du cœur.
Or, quitte à faire cul-cul la praline, je n’ai jamais eu peur d’affirmer que je suis naturellement portée à aimer les gens. Pas tout le monde, bien sûr ! A l’impossible nul n’est tenu… Et cette bienveillance se porte très spontanément plutôt vers les petites gens. Eternels oubliés et méprisés par la droite et dont la «vraie gauche» telle que je la conçois devrait se soucier en priorité.
Enfin, il me reste à choisir 8 «victimes» ! parmi la longue liste des blogs que je référence. Tirage au sort, comme d’habitude en essayant de ne pas prendre ceux qui auront été déjà tagués sur le même sujet… Je nomine donc :
Abadinte
Dédalus
Expat-Prague
Les jours et l’ennui de Seb Musset
Marc Vasseur
Pierre Ballouhey
Un peu plus près des étoiles
Cpolitic