Angkor Wat
Siem Reap - Battambang - Sihanouk Ville, Cambodge.
« Monter un temple en jupe, c'est pas l'idéal » dit-elle.
Effectivement, dans le temps, je ne pense pas qu'ils ont pris ce détail en considération en en faisant les plans des escaliers abrupts et glissants. La cité d'Angkor est cependant magnifique et vaut bien les certains efforts pour l'atteindre.
Je pourrais vous parler de ce site en parlant de son architecture, en le décrivant en détail, mais, ce serait ennuyant. C'est quelque chose qu'il faut simplement voir. Cette construction grandiose, en grande partie reprise par la nature, prend tout son charme emprisonnée dans les bras des énormes arbres-racines.
« C'est de toute beauté »
La ville de Siem Reap se développe d'ailleurs grâce à ce vestige du passé. Hôtels de luxes, restaurants branchés, boutiques, il y a tout pour le touriste. Pour ma première ville au Cambodge, ce n'est pas vraiment ce à quoi je m'attendais.
L'ambiance est toutefois agréable, Didi fait engraisser la poche de cadeaux au désespoir de Will.
Nous devenons aussi adeptes des 5à7 sur les petites terrasses et profitons avec joie des baguettes françaises laissées en héritage par les anciens colonisateurs.
Puis c'est reparti, mais cette fois-ci, ce sera en bateau sur le lac Tonle et ses affluents. Certains disent que le voyage prend cinq heures, d'autres parlent plus de dix, on verra!
On vient nous chercher à l'hôtel, nous sommes les derniers. Will récolte la chaise de plastique « Hello Kitty », moi la craque de banc et Diane une petite place entre les jambes d'un « beau jeune homme ». La chance du débutant!
Le bateau est évidemment moins moderne que sur la photo à la billetterie. Assis bien confortablement sur des bancs de bois d'école de rang, trois baguettes et de la « Vache qui rie » en mains, le bruyant moteur démarre.
Les villages sur pilotis défilent devant nous et des gens accostent leurs barques pour monter à bord. La vie semble s'écouler lentement ici. Des antennes énormes sur le toit des petites cabanes leur apportent des images pour les divertir. Les enfants nous saluent énergiquement.
Puis le canal rétréci de plus en plus, les branches des arbres autour nous fouettent. Pour un passage emprunté chaque jour par ce bateau, la végétation est plutôt dense. Je crois que le chauffeur s'est trompé d'embranchement. Peu importe, nous atteignons Battambang en sept heures et demie en ayant eu l'impression d'avoir traversé l'Amazonie, c'est une bonne moyenne.
« Beautiful ville coloniale » S'exclame Didi!
Censé être la ville à l'architecture française la mieux conservée du Cambodge, je me dis que les autres doivent être en ruine, car ici, les bâtiments moisissent et rien n'est entretenu mis à part quelques constructions.
Comme il y a peu de chose à faire, on se met tous à nos woks au Smokin' Pot. Ce resto khmer offre des cours de cuisine locale. Après les achats au marché, par chance, on passe vite devant les anguilles et grenouilles décharnées, on se concocte trois délicieux plats. Je développe des habiletés jusque-là inconnues. Une vraie chef!
Ce n'est que le lendemain, sous un ciel de pluie que les vraies aventures commencent pour Diane. Heureuse de ne pas perdre une belle journée dans un bus, elle changera toutefois d'idée.
Direction Sihanouk Ville, au sud du pays, histoire de voir le golf de la Thaïlande.
Tout se déroule normalement. La climatisation est dans le piton, on est habillé en bonhomme de neige dans le bus. À la halte routière, les toilettes turques découragent la nouvelle exploratrice qui remet en perspective l'urgence de la chose. Plus loin, une poule, l'air de rien, kidnappe une peanut à un vendeur avant de prendre la fuite.
Puis la route est bloquée on ne sait par quoi. Plutôt que d'attendre, le chauffeur emprunte une route secondaire à peine de sa largeur avec trois virages à 90 degrés. L'idée du siècle…
Après trente minutes, une quasi-chute dans le fossé et un enlisement, on reprend la route de terre rouge.
Puis il pleut de plus en plus. On s'arrête. Par chance, quelqu'un donne la raison de l'arrêt et les instructions en Khmer. Tous les trois, un point d'interrogation dans le front, sortons comme les autres.
On nous donne nos sacs sans plus d'information en nous désignant des scooters qui attendent sous la pluie.
Un Cambodgien parlant anglais finit par m'expliquer que la route est bloquée par la rivière qui est sortie de son lit et que le bus ne peut continuer. Les motos sont là pour nous amener à l'autre bus.
Nous en enfourchons chacun une et c'est parti, la pluie dans les yeux! Le chauffeur de Diane veut lui charger le prix de deux personnes pour le transport de la poche de cadeaux. Ça vous donne une idée de son ampleur!
Les chauffeurs nous débarquent devant le débordement d'eau. Mais aucun signe du bus?
Tout le monde se précipite dans des petites embarcations les chargeant de matériel divers. C'est le « free for all ». Des porcelets roses crient aussi leur inquiétude, entassés dans une espèce de cage à homard. « ouiiihk ouiiinh » Couinent t-ils.
Les barques sont là pour nous faire contourner l'inondation qui s'étend environ sur un kilomètre et essayer de nous arnaquer en chargeant des prix ridiculement élevés. Des jeunes nous offrent de marcher jusque de l'autre côté avec de l'eau à la taille en portant nos bagages pour quelques dollars.
C'est le foutoir, je suis découragée! Il fait presque nuit et la pluie ne veut cesser.
On finit par prendre la dernière barque après maintes négociations, pour ensuite embarquer sur un autre scooter jusqu'au bus pour finir le trajet.
À l'arrivée, c'est évidemment le déluge total. Il pleut à boire debout. Will perd sa gougoune emportée par le courant de la rue en prenant un tuk-tuk et court pieds nus pour la rattraper dans la nuit.
Enfin arrivés à l'hôtel, détrempés, celui-ci est fermé, personne ne vient nous ouvrir. Toujours sous la pluie battante, nous nous dirigeons vers son voisin aidé du chauffeur. Ça fera l'affaire.
Opération corde à linge et dodo, la journée a été dure.
- Nad qui a choppé un rhume!