Jour historique, ici !

Publié le 19 septembre 2009 par Didier54 @Partages
Dans la série minute culturelle. C'est week-end patrimoine, après tout.
Des noms surgissent parfois à plusieurs reprises dans des conversations ou des lectures. Ca en devient suspect ;-) Google est l'ami de ces curiosités éphémères. Ainsi ai-je fait la connaissance de la famille Guibal. D'abord de Barthélémy, sculpteur qui s'était naguère établi dans la ville du coin. Et qui a une rue à son nom. Ensuite de ses enfants. Et d'un étonnant circuit entre ma ville et Moscou.
Il faut imaginer le voyage France-Russie à l’époque, quelle épreuve ! Les accidents de voiture, les réparations, les mauvais chemins sont le lot quotidien et pourtant on circule beaucoup entre la Lorraine et Moscou. Lorsque la saison est propice, le trajet peut se faire en 4 à 6 semaines, le voyage est fatiguant, Diderot se rend de La Haye à la cour de Catherine en plus de 2 mois. L’abbé Georgel attire l’attention sur le fait que l’état des routes se détériore au fur et à mesure de la progression vers l’empire russe et de nombreuses difficultés d’ordre climatiques s’en mêlent : chutes de neige obligeant à utiliser les traîneaux, dégel où l’on s’embourbe sans oublier les risques de brigandage et le coût élevé du voyage. On circule habituellement dans des carrioles, couvertes de nattes et de matelas appelées « Kubitka », soit sur des traîneaux.
Barthélémy Guibal fut membre de l’Académie de sculpture et de peinture de Nancy. Il avait orné de statues les parterres et les bassins des Bosquets et réalisé avec Cyfflé la belle statue de Louis XV de la Place Royale. Mais il était surtout l’auteur des statues en plomb de la Place, œuvre-maîtresse de sa vie d’artiste. A sa mort, en 1757, (Stanislas est encore là), il laissait 15 enfants.
A la mort de Stanislas, en 1766, la Lorraine, jusqu’alors Etat indépendant, est annexée sans ménagements par la France. Les impôts et les corvées sont renforcés, les transformations sociales importantes, le prix du blé augmente, de nombreux Lorrains sont arrêtés, la situation devient insupportable pour certains sujets. La seule solution est l’émigration, d’autant qu’à l’époque, l’attrait pour la Russie est vif.
Les premiers émigrants de Lunéville sont les enfants du sculpteur. Dieudonné et 4 de ses sœurs vont rapidement occuper à Moscou et à Saint Pétersbourg des postes de responsabilité. Leur réussite va attirer en Russie de jeunes insatisfaits.
Tous, carrière et fortune faites, reviendront finir leurs jours en Lorraine. [
source ici]