Janis Otsiemi,
édition Jigal, 14 euros
Le polar gabonais a un nom : Otsiemi. Il nous parle des bas-fonds et de l'univers carcéral de sa capitale Libreville avec les formules de son Afrique : chiquard, bouchard, déchard font parti des ces mots semés dans l'aventure marquée au fer par son accent. Il y est question d'un taulard, Chicano, qui par un heureux hasard, se voit, au bout d'un temps à croupir, abolir sa peine. En liberté à Libreville, le jeune affranchi ne rêve que de se refaire une vie sans accrocs ni menottes.
Première obstruction à toute rédemption : il trouve partout porte close. Son ancien amour est en cloque. Il y a alors ses anciens frangins du crime qui le croisent et le ramènent à la -mauvaise- raison. Un petit casse pour la route, le dernier c'est sûr, histoire d'avoir un peu de cash dans cette nouvelle vie. Le voilà au volant d'un camion, destination : le camp militaire de la Baraka, histoire d'aller voler les soldes de l'armée. Vingt millions, rien que ça. Le braquage est une merveille de savoir-faire et de culot mais Chicano le malheureux n'est lui pas au bout de ses souffrances. La vie est vraiment un sale boulot pour Chicano car la rédemption du taulard sent bien l'impossible. Cette histoire de braquage et de traqués, d'allure classique, a pourtant son identité: lexique, fougue, figures de style et entourloupes africaines. J'oubliais aussi : nulle compassion dans ce bas monde de brutes. Otsiemi trace à la plume fraichement taillée les bleus et les cicatrices de sa ville, et c'est une chaude réussite.