Dans les 10 jours à venir, vous aurez 3 possibilités de rencontrer Zakhar Prilepine : le samedi 26 septembre à 19h à La Renaissance (112 rue Championnet, 75018 Paris), le dimanche 27 septembre à 16h pour un goûter littéraire bilingue à la librairie VO à Lille (36, rue de Tournai) et le mardi 29 septembre à 19h30 à la Librairie du Globe à Paris (67, boulevard Beaumarchais dans le 3e). L'auteur russe est en France pour présenter son roman Le Péché, dont l'édition française va sortir le 24 septembre. L'édition russe a été un succès, elle a obtenu le prix Bestseller en 2008, une véritable reconnaissance artistique pour un auteur, membre de l'opposition, revendiquant son appartenance au Parti national-bolchevique et se disant fasciné par Edouard Limonov (leader du PNB).
Le Péché est un roman en nouvelles, c'est-à-dire un roman composé de nouvelles dans lesquelles on suit les tranches de vie de personnages qui s'appellent toujours Zakhar (comme l'auteur). Pas d'ordre chronologique dans les histoires (jeune journaliste en couple, adolescent à la campagne, jeune homme de 23 ans attendant une réponse de la Légion étrangère, papa de 2 enfants, videur de boîte de nuit, soldat d'un bataillon en Tchétchénie), ni de lien certain entre les différents Zakhar et avec le Zakhar auteur (qui a bien fait la guerre en Tchétchénie, a été videur de discothèque, a été jeune, a des enfants). Mais par contre, un grand bol de sentiments : joie, espoir, amour, ...
Au cours de ma lecture, j'ai relevé une phrase, dite par un soldat : "Il ne se souvenait pas quand, pour le dernière fois, il avait prononcé ce mot – patrie. Pendant longtemps, elle n'avait pas existé. Un jour, peut être dans sa jeunesse, la patrie avait disparu, et rien n'était venu la remplacer. On n'en avait pas besoin." (nouvelle Le sergent, p.238). En faisant des recherches sur Prilepine, j'ai lu une de ses interviews accordées au journal le Courrier de Russie, qui fait écho à cette phrase. En "bon slavophile [j'estime] que la Russie a sa propre voie à suivre", qu'elle "devrait mieux œuvrer à faire connaître au-delà de ses frontières son art, sa musique, sa littérature. Peut-être cela aiderait-il l'Occident a admettre que le reste du monde n'est pas peuplé de barbares. La Russie devrait se souvenir qu'elle n'est pas un pays européen." Un peu plus loin, on peut lire : "Les Russes, dans l'ensemble, sont patients, curieux, modestes. S'ils se montrent parfois grossiers, c'est pour dissimuler leur timidité naturelle. Les Russes sont capables de faire des choses impossibles. Ces traits se rencontrent chez des représentants de tous les peuples, mais c'est leur combinaison qui a permis aux Russes de combattre Hitler, par exemple." Il termine en disant : "le sort de mon pays ne m'est pas indifférent !", ce que l'on peut croire sur parole, vu son activité littéraire et politique. J'attends donc la prochaine traduction de ses œuvres, à moins que j'ai le courage de m'y mettre en russe directement...